poutine au paprikás

mardi, octobre 10, 2006

Le petit Poisson



Le petit groupe d’employés qui formait la compagnie ici, soit environ une dizaine de personnes, fait maintenant partie de la grande famille Autodesk. Autodesk, c’est gros et ça peut paraître too much pour une culture qui a été envahie par les Turcs, les Allemands et les Russes en moins de 300 ans.

C’est surtout ces derniers (les Russes) et leur bureaucratie qu’ils craignent le plus quand il voient arriver une grosse machine comme Autodesk. C’est drôle vu de l’extérieur, car comme je le disais, ce n’est pas toujours la société la plus efficace, étant donné qu’elle est déjà embourbée dans la paperasse. Mais il y a aussi ce fatalisme slave qui s’empare d’eux, comme dans : « Bon bien on va faire avec, en autant qu’on puisse continuer à faire exactement ce qu’on faisait avant… »

Donc, l’autre partie non officielle de mon travail est parfois de démystifier Autodesk et sa façon de faire. Faut dire que l’équipe de Montréal est déjà passée par le même chemin que les Hongrois et que je comprends bien ce qui peut les inquiéter. Je suis confiant qu’en parlant de la grosse corporation et en arrêtant de dire que tout est de la faute de Montréal, on va probablement les aider à comprendre certains irritants.



Le travail ici se fait dans une maison. Oui, une maison qui a gagné des prix d’architecture, dans un voisinage qui n’est pas sans rappeler Sillery ou Outremont. Donc, sous prétexte que rien n’est accessible à part un Match miteux (Match, c’est comme IGA), les employées ont tous droit à leur lunch gratuit! La première chose à faire en arrivant le matin, c’est de remplir la feuille sur laquelle on met le nom du restaurateur et ce qu’on veut manger. Rien de chic, il s’agit de restauration rapide : grec, sous-marin, pizza, mets hongrois, indiens et même sushi. Tout ça dans le moyen de gamme, mais c’est gratos. Pour beaucoup d’entre eux, ce sera le seul gros repas de la journée. Donc, ils se commandent des tonnes de cochonneries qu’ils prendront tout l’après-midi à digérer. Le soir, à la maison, ils prendront du saucisson, une salade de chou et une bière.

Faut pas croire que c’est la grosse vie : souvent, la bouffe n’arrive pas avant 13h; parfois les gestionnaires de bureau oublient une commande (la mienne) ou, pire encore, elles n’ont pas d’argent dans la petite caisse (autre drame vécu). Faut comprendre qu’il s’agit d’un des privilège que l’équipe a tenu à garder lors de son acquisition par Autodesk, une sorte de symbole qui semble extrêmement important, un peu comme la bière gratuite du vendredi pour l’équipe de Montréal. À chacun son symbole, faut croire.

En fait, le lunch gratuit n’est pas une pratique commune à beaucoup d’entreprises hongroises, mais dans bien des cas, les employeurs donnent de petit « avantages » à leurs employés. Faut aussi ajouter que les salaires sont beaucoup plus bas qu’à Montréal et que les taxes y sont tout aussi élevées.