poutine au paprikás

lundi, juin 11, 2007

printemps puant

Le printemps est bien avancé ici. Au marché, il y a maintenant les cerises (la Hongrie en est couverte), la laitue, les pois, les framboises : ce que l’on trouvera aux marchés montréalais en juillet. Mais surtout, les tilleuls sont en fleurs. Moment béni entre tous, la période de floraison des tilleuls (fin juin, à Montréal) me fait courir les rues bordées de ces arbres, le nez pointé en l’air pour humer l’incomparable parfum qui ne dure que deux semaines. Un pur bonheur olfactif. Le boutte : jouer un match de tennis à Claude-Robillard un soir de juin, où les courts de tennis sont entourés de tilleuls. Je vous mens pas, c’est encore mieux que le sexe… mais ça dépend avec qui (le tennis, bien sûr!).

Or, le plaisir du tilleul est fortement compromis à Budapest, et j’en suis très affligé. Mais oui, les tilleuls sont en fleurs, mais en même temps que mon arbre préféré, fleurit également celui que je déteste le plus entre tous : l’ailanthus glanduleux, alias frêne puant, alias (en chinois) printemps puant. Une véritable plaie urbaine qui pousse partout, qui résiste à tout et qui empuantit la ville pendant sa floraison. Une peste puante dont tout le monde essaie de se débarrasser. Montréalais, estimez-vous chanceux de ne pas encore en connaître l’ignominie, qui me rendait Toronto-la-tropicale insupportable chaque été pendant des semaines.

Vous l’avez deviné : cette mouffette verte fleurit exactement en même temps que le tilleul! Le drame. Et laissez-moi vous dire que Budapest est couverte d'ailanthus, car celui-ci aime le soleil et les conditions difficiles : deux choses qui ne manquent pas ici. Bon, je ne suis pas surpris, car j’avais déjà reconnu ses feuilles honnies l’été dernier. (Je crois même que j’en ai senti à Paris récemment.) Mais la première fois que je l’ai senti, la semaine dernière, la vraie reconnaissance s’est faite : l’olfactive. Une odeur reconnaissable entre toutes, même si je ne l’avais pas croisée depuis des années. Misère.

Heureusement, nous serons à Montréal au moment précis où fleurissement les tilleuls, et j’ai bien hâte d’aller me frotter le nez aux tilleuls du parc Lafontaine ou du boulevard Saint-Joseph. Et cette fois, il n’y aura pas de trouble-fête!

Mise à jour : en nous promenant dans les collines avec notre invité de la semaine, nul autre que le capitaine Picard, nous avons pu humer à pleins poumons les tilleurs en fleurs, car l’ailanthus ne pousse pas dans les bois, seulement dans l’asphalte. Promenons-nous dans les bois...