poutine au paprikás

mardi, octobre 24, 2006

Baboune à Becs



C’est vendredi, nous partons pour Becs (Vienne, pour les Hongrois) et je fais la baboune! Mise en contexte : vendredi dernier, nous n’avons pas vraiment célébré l’anniversaire de Marc parce que je participais à un tournoi de curling. Averti à l’avance, le jubilaire s’est consolé en se disant que nous nous reprendrions la semaine suivante, pendant un petit séjour romantique au pays de Sissi. Juste nous deux, loin du travail, première sortie de Budapest depuis notre arrivée… Pis pas à Plattsburgh, là : à Vienne, bonyenne! Le scénario idéal, n’est-ce pas?

Or, après une fin de semaine débridée de curling (lire : nombreuses parties + manque de sommeil + alcool à profusion), je me suis levé mardi matin avec une purulente éruption d’impétigo dans le visage (toujours sur le menton) couronnée d’un gonflement spectaculaire de la lèvre inférieure. Ce soir, à la veille du départ tant attendu, le Krakatoa ne coule pratiquement plus, mais il en a pour des jours à sécher; quant à la lèvre, elle a sensiblement dégonflé, mais je ne suis pas encore très ragoûtant, je pense. Vu d’ici, je n’ai pas l’impression que nous allons nous éterniser dans notre lit viennois…

Mais au lieu de m’apitoyer sur mon sort suintant, je vais vous raconter ma brillante fin de semaine de curling! Seize équipe : la moitié hongroises, l’autre moitié de République tchèque, de Slovaquie, d’Autriche, de Suisse, de Croatie, ainsi que du Danemark (ma bête noire) et du Canada (moi). Ça faisait très jet-set, tous ces drapeaux sur le mur de tôle du centre de curling! Plus concrètement, ça donnait trois jours de jeu plutôt éparpillé, car il n’y a que deux glaces en Hongrie. Mais qu’est-ce que quelques heures d’attente quand la goulache et la bière coulent à flot sous la tente? En passant, le déjeuner = 2 ou 3 saucisses et du pain (bière en option). Le dîner = de la goulache et du pain. Le souper (en croisière sur le Danube avec un band pas croyable) = de la viande, des patates pilées et du pain. Pas vu l’ombre d’un légume vert ou d’un fruit frais en trois jours… C’est peut-être pour ça que mon corps m’a puni, finalement…

Sur la glace, votre humble serviteur a vraiment bien joué, sauf à son tout dernier match et à son grand désespoir. Quoi qu’il en soit, nous avons remporté la troisième place. Trois jours fort agréables, somme toute, mais avec une ombre de taille au tableau : S., le démon danois venu remplacer notre Andras. Comment décrire S.? Un paquet de nerfs contrôlant qui carbure à la bière et au café? Un très grand parleur mais tout petit curleur? Un emmerdeur de première? Je l’ai : un véritable calvaire! Même mon skip, qui l’avait invité et qui s’en va jouer en Italie avec lui en fin de semaine, n’en pouvait plus après une journée… S., le boute-en-train blond (teindu) qui dit à tout le monde comment jouer, mais qui manque plein de coups faciles et qui blâme les balayeurs… S., le gars de party too much qui partouze toute la nuit, arrive archipoqué 5 minutes avant le premier match du matin et joue avec ses lunettes de soleil superstar jusqu’à son troisième café… Et qui ensuite doit interrompre le match aux 20 minutes pour aller pisser…

Le pire, c’est que, après la remise des médailles (pas le choix de rester), il est venu me serrer la main pour me dire comment il avait aimé ça jouer avec moi. Incapable de lui rendre le compliment, je l’ai remercié d’avoir si généreusement remplacé Andras et je me suis éclipsé comme un voleur dans la nuit hongroise. Ma conscience devait me travailler, car je suis rentré la face la première dans le grillage de la clôture. (Il fait vraiment noir là-bas.)



Malgré ce handicap de taille, nous avons terminé troisièmes en plumant les sympathiques Pingvinek (pingouins) dans la petite finale. Comme je jouais les premières pierres, je croyais que mes prouesses avaient passé inaperçues, mais entre deux matches, l’équipe de Genève m’a invité à remplacer un joueur absent à leur tournoi de fin novembre. Je suis flatté et j’y réfléchis… Pour me tenter encore plus, la gentille madame bijoutée, qui avait pourtant rencontré Marc la veille au souper-croisière sur le Danube (ben oui, il est venu!), a ajouté que si j’acceptais de jouer avec leur équipe, je pourrais loger chez elle à Genève… à condition que j’y aille seul… Tant de générosité m’a fait chaud au cœur!

Quant à mon équipe régulière, tout reste à voir. Il y a quelques semaines, on s’est rendu compte que notre équipe n’est pas admissible au championnat hongrois si j’en fais partie. Ça peut faire rire les Canadiens, mais ici, l’équipe qui représentera la Hongrie pendant un an n’est pas tellement meilleure que la mienne. En fait, ce pourrait très bien être nous… enfin, « nous » avec un autre que moi. Alors, quel genre de saison est-ce que je m’apprête à passer? Je n’en ai aucune idée. Maintenant que j’ai fait mes preuves, il paraît que certaines équipes qui ne visent pas le championnat aimeraient bien m’avoir dans leurs rangs, ne serait-ce que ponctuellement.

Nous en saurons davantage la semaine prochaine, lorsque mon skip Péter sera revenu d’Italie et de S., et que nous ferons le point tous ensemble. Qui sait, peut-être Genève sera-t-elle mon tremplin vers une carrière européenne de curleur? En attendant, je vais laver le crisse de plancher de cuisine une fois de plus et je vais espérer que la baboune dégonfle un peu avant ma conquête de Vienne.