poutine au paprikás

mercredi, octobre 18, 2006

Moszkva tér megyek



Moszkva tér, c’est la place de Moscou. Je comprends que les Hongrois n’aiment pas beaucoup les Russes, mais cette place-là est tellement laide que ce n’est même pas drôle. Moszkva tér, c’est aussi notre voisin; si vous venez nous visiter, vous allez voir que c’est tout à coté de chez nous. C’est aussi d’où je pars tous les matins de la semaine dans le tramway 56 qui m’amène au bureau.

Comme designer, je vois plein de potentiel dans sa laideur. Normand, quant à lui…

Plus qu’une simple place, Moszkva tér, c’est la plaque tournante du transport en commun de ce coté-ci du Danube. Tramways, bus et trolleybus s’y croisent au-dessus d’une station de métro. Point de rencontre de tous ces transports archi-occupés de jour, c’est aussi une place sans arbre et sans artifice : la fonctionnalité prime sur la beauté.

Mais il ne faut pas croire que c’est fonctionnel pour autant, oh que non! D’abord, la convergence de tous ces transports sur rails (5 lignes de tramway) et l’achalandage des usagers causent d’énormes problèmes de circulation. Juste pour me rendre à mon tram, je dois contourner trois ou quatre rails de tramway, la petite madame qui cherche encore le bus 23, les clôtures inutile censées empêcher qu’on se fasse écraser par un tramway, les touristes qui se demandent ce qu’ils font là, les étudiants qui traînent, le trou béant dans le trottoir… bref, le bordel à l’heure de pointe et, bien entendu, il n’y a aucun plan indiquant où sont les bus et les tramways.



Comme c’est un endroit populaire, Moszkva tér attire aussi sont lot de bizarreries et d’énergumènes. On y retrouve un ou deux snack-bar horribles, une brasserie, un café Internet, un sport-bar et des kiosques délabrés qui ne servent plus à rien sauf à prendre de la place. C’est aussi le rendez-vous permanent de tous les robineux du quartier. Les jeudis, l’Armée du salut vient y donner sa soupe populaire; parfois, il y a une bagarre parce qu’un robineux va voler la soupe d’un autre. Le moindre banc sert de lit à ceux qui sont trop paquetés.

Le plus bizarre, ce sont les amuseurs publics. On y retrouve même des gospels chinois, oui, vous avez bien lu : des « preachers » chinois évangélisant les Hongrois. (On croise aussi des témoins de Jéhovah en complet-cravate.) Mais la palme d’or revient aux chanteurs indiens ou, si vous préférez, le groupe autochtone. Indien comme Kateri Tekakwitha, pas comme Apu. Full pas rap : ce sont clairement des Sud-Américains, qui jouent de la flute de pan habillés en Amérindiens, avec les plumes et tout le kit. Les Hongrois ADORENT! Tous les enfants veulent se faire prendre en photo avec eux. Ça, c’est le vendredi : avis aux intéressés.

Finalement, Moszkva tér ter, c’est un peu la place Émilie-Gamelin de Budapest : il y a les mêmes robineux et, en plus, un festival Réalité autochtone.