poutine au paprikás

mardi, janvier 23, 2007

Désiré Dubounet



Toujours en mode « Charmes de Budapest », samedi soir dernier, nous nous sommes finalement dirigés vers la grande discothèque gaie et lesbienne de la ville. Jusque-là, nous connaissions deux bars un peu identiques où l’on peut aller prendre un verre, regarder un « spectacle » poche à caractère sexuel, et aller faire des affaires louches dans des coins noirs où ça sent le petit canard hongrois à la patte cassée.

Le Bohemian Alibi (voir le lien sur le coté) s’annonce comme un bar de travestis, et comme les annonces sont plutôt quétaines, nous étions prêts pour le pire (une mauvaise influence de Marc). Or, surprise, l’endroit est énorme, dans un sous-sol (encore) qui doit faire le pâté de maison au complet. Il y a plusieurs salles pour toutes sortes de choses : planchers de danse, lounge, spectacles. La clientèle est très mixte (gais/lesbiennes/hétéros) et elle s’amuse, contrairement aux deux autres bars gais où il ne faut pas trop avoir de fun.

L’établissement appartient à Désiré Dubounet, une travestie américaine qui dirige tout d’une main de fer. D’ailleurs, les publicités et les photos à l’intérieur la représentent dans toute sa splendeur de petit baril blond ben grimé en jarretelles. La tenancière chante aussi, et c’est pas du lipsing, non, monsieur-madame! Nous n’avions jamais vu ça : sur un balcon surplombant la petite salle de spectacle, ses musiciens l’accompagnent en direct! Madame a son band! La grande classe! On peut ainsi apprécier à sa juste valeur sa graveleuse voix de basse, qui contraste étrangement avec les voiles diaphanes dont elle couvre si généreusement son voluptueux corps de baquaisse. Nous n’en savons pas plus sur le personnage, sauf qu’elle est américaine, médecin de formation, qu’elle annonce dans les magazines d’avion ses services de naturopathe (si j’ai bien compris), et qu’on entre au Alibi comme dans son salon. Bref, un peu mytho(wo)mane sur les bords…

Cela dit, nous avons été heureux de revoir Laurent (qui nous quitte bientôt, malheureusement) et Christophe, avec lequel j’entrevois des heures de plaisir dans cet établissement. Mais nous n’avons pas rencontré pas que des expats, ce soir-là, oh non! Je longe un bar avec Christophe lorsque nous sommes accostés par un Hongrois hurlant armé d’une bouteille de mousseux. (Les gens font ça, ici, se commander des bulles au bar. Faut dire que le mousseux hongrois ne coûte vraiment pas cher. More champagne!) En fait, ils sont deux compères : un discret, qui se cache au bar, et notre nouvel ami, déjà pas mal pompette. Entre son anglais et mon hongrois approximatifs, nous arrivons à comprendre qu’il est à la recherche de quelqu’un qui voudrait bien initier son compagnon aux plaisirs entre hommes… Sommes-nous intéressés? Ben… euh… c’est qui, son ami, au juste? Réponse : un gars marié et père de famille (bienvenue en Hongrie) qui veut essayer ça ce soir… Hum, comment refuser poliment tout en sirotant le verre de mousseux que notre nouvel ami remplit dès qu’on en prend une gorgée? Tout cela en tâtant les seins de tous les travestis qui passent, pour voir « s’ils sont vrais ». Bref, nous sommes médusés par ce fascinant personnage.

Devant l’insistance du recruteur, je sors tous les arguments qui me passent par la tête pour refuser gentiment. Exemple : malheureusement, les Hongrois ont la réputation d’être modestement… équipés. Qu’à cela ne tienne, notre interlocuteur ne fait ni une ni deux et entreprend de me prouver le contraire en produisant séance tenant son propre engin qui, ma foi, (bon, les enfants sont-tu couchés, là?) est presque de dimension… québécoise! Ben quoi? Je ne suis pas chauvin, mais je trouve que, côté zoune, les Québécois n’ont rien à envier à personne. De retour au bar : médusés, Christophe et moi cherchons nos mots, car notre interlocuteur attend maintenant des compliments sur la chose en démonstration, sans quoi ladite chose menace de ne pas rentrer dans sa tanière… Nous nous extasions adéquatement et proclamons que n’en n’avons jamais vu d’aussi belle et d’aussi énorme en Hongrie. Satisfait, son propriétaire la remballe, et on peut enfin hurler d’autre chose. C’est-à-dire, nous cherchons d’autres raisons de refuser le dépucelage si généreusement offert… Entre deux bustes de travestis.

Cette histoire se termine en queue… de poisson. Les deux amis sont allés aux toilettes; nous les avons attendu impatiemment en nous demandant ce qui pouvait bien se passer encore, mais ils ne sont pas revenus. Je crois que je vais y retourner samedi prochain, juste pour voir s’ils y sont encore…