poutine au paprikás

dimanche, décembre 03, 2006

smells like team spirit

J’aimerais pouvoir dire que tout va bien au curlingozni, mais j’ai plutôt l’impression de faire un long tour de montagnes russes qui commence à me donner mal au cœur. La semaine dernière, j’ai failli demander qu’on me débarque.

Donc, après un voyage presque agréable en France, mon équipe est revenue très motivée et a remporté un tournoi plutôt relevé ici même. Je n’ai joué qu’un seul match de ce tournoi parce que nous sommes six et que j’avais du travail cette fin de semaine-là de toute façon. Pas grave, ça m’arrangeait en fait.

Le mardi suivant, nous avons un entraînement habituel en après-midi, puis un souper de célébration en soirée. L’entraînement est une perte de temps totale : nous ne sommes que trois, et nous faisons du un-contre-un niaiseux pendant deux heures, sans rien pratiquer de précis. Perte de temps (l’après-midi y passe, avec le transport) et d’argent (environ 17 $, une fortune en Hongrie) qui pénalise ceux qui se présentent, en plus, car le tarif des glaces est fixe. Donc, à trois, c’est deux fois plus cher qu’à six. Remarquez, je croise quand même deux absents : en arrivant, Marton, qui vient de s’entraîner avec une autre équipe, et en sortant, Péter S., qui s’en vient assister à une réunion « importante ». Voyez par vous-même l’importance qu’on accorde aux entraînements…

Ce soir-là, donc, j’ai l’intention de profiter du souper et de la bonne humeur générale pour entamer une discussion sur les entraînements, que je voudrais réduire à un par semaine et cibler davantage. Rendez-vous au resto Stex Haz à 21 heures, qu’on m’a dit. Après mon cours de hongrois, je me rends au lieu-dit. Pas d’équipe dans le resto (aucune surprise, ils doivent tous être en retard), pas d’aide à la réception (aucune surprise là non plus). Qu’à cela ne tienne, je m’installe devant la porte et j’attends mes cinq coéquipiers à partir de 21 h 05. Et j’attends. L’un d’eux va bien finir arriver… Les minutes filent, mais personne ne vient. Pourtant, je suis à la bonne place… Vingt minutes plus tard (21 h 25), toujours personne : tanné de me morfondre, je rentre chez moi amer, le cœur en rogne et maudissant toute l’équipe qui se crisse de moi.

Deux jours plus tard, après avoir raté l’entraînement du jeudi, je reçois un appel de Péter, notre skip. Petit ton mielleux : il marche sur des œufs… Tant mieux, mais je suis tellement contrarié que je refuse de lui faciliter la tâche : qu’il souffre, un peu. J’apprends qu’il y a bien et un souper, mais au resto d’à côté. Tout le monde était là à l’heure, sauf lui, mais personne n’a pensé à venir me chercher. Quand Péter est finalement arrivé, vers 21 h 30, il s’est rappelé qu’il m’avait donné rendez-vous à côté et il est allé me chercher mais, ô surprise, je n’y étais plus. Sous-entendu : c’est quoi, mon problème?

Arguments de Péter :
1) Il faut toujours s’attendre à ce que les Hongrois soient en retard. Je suis trop intolérant.
2) Si j’avais eu un cellulaire, tout ça ne serait pas arrivé.

Arguments de Normand :
1. Si Péter avait été à l’heure, tout ça ne serait pas arrivé. Ça me donne quoi de savoir que quelqu’un est en retard par cellulaire, si je dois l’attendre encore? Il n’est pas moins en retard.
2. Les Hongrois sont toujours en retard? La prochaine fois, c’est ce que je répondrai aux équipes qui me font des commentaires à moi, qui suis à l’heure, parce que certains joueurs de mon équipe sont en retard et qu’on les attend pour commencer.

Outre cela, j’apprends qu’il y a un petit tournoi local de fin de saison au club, mais que mon équipe ne participera pas officiellement parce que nous ne sommes pas assez à vouloir y aller. En fait, les ceusses qui sont intéressés vont jouer avec d’autres équipes.
- Euh, c’est la première fois que j’en entends parler; j’aurais peut-être aimé ça y aller, moi aussi…
- Ouain, on a décidé ça au souper, mais comme t’étais pas là, on a décidé sans toi. Si tu veux y aller, faut que tu te débrouilles.

C’est « team » au boutte, ne trouvez-vous pas? C’est plate, mais ça donne une bonne idée de la manière dont les choses se passent chez les Jokers, qui par ailleurs ont d’excellentes chances de devenir l’équipe nationale dans quelques mois. En attendant, j’attends toujours une liste des membres de l’équipe avec leurs coordonnées…

Quant à moi, je suis rien qu’un pas-de-patience, un étranger intolérant qui doit apprendre à vivre avec les Hongrois. Entre autres, je dois me procurer un cellulaire au plus vite. Pas de prob, j’ai appris que mon équipe veut m’en offrir un pour Noël : y sont fins, hein? Je sais qu’à Rome, bla-bla-bla, mais suis-je le seul dans ce pays à croire qu’être en retard, c’est un manque de respect envers celui qui est à l’heure?