poutine au paprikás

vendredi, décembre 01, 2006

air de beurk

Le dernier roman que j’ai lu est JPod, de Douglas Coupland, un brillant auteur canadien que Marc et moi suivons religieusement depuis Generation X. Au fil des ans, j’ai offert plusieurs de ses livres en cadeau, notamment Souvenir of Canada I et II à mes amis canadiens expatriés… comme moi maintenant. Coupland est sans égal pour décrire la modernité nord-américaine dans toute sa splendeur : centres commerciaux, télévision, banlieues abruties, Internet, religion, tout y passe. Bien que JPod ne soit pas, à notre avis, parmi ses meilleurs, il contient néanmoins des pages très savoureuses, notamment celles où Ethan, le personnage principal, fait une petite virée inopinée en Chine. Chaque fois qu’Ethan se déplace, il décrit le type de pollution extrême que contient l’air ambiant, et c’est vraiment très drôle. Genre : ici, on dirait qu’on a brûlé dix tonnes d’ordinateurs, du solvant à vernis et une montagne de choucroute. Du moins, c’était très drôle lorsque je l’ai lu dans un parc de Budapest, sous un ciel limpide.

Or, depuis plus d’une semaine déjà, on dirait que l’air empoisonné de Shanghai (selon Coupland) a envahi la Hongrie. Bon, je clique sur MétéoMédia (bonjour, Érika!) pour Montréal, et je vois « grésil changeant en pluie verglaçante ». Je sais parfaitement que c’est l’enfer. Mais je vois aussi que, pour demain, il y a des petits icônes de soleil. Ici, je clique sur la météo, et je lis ‘light fog forever’. Le problème, c’est qu’on ne sait plus si on est dans le brouillard, la pollution ou la poussière. Probablement toutes ces réponses. Le résultat, c’est qu’on a ce même ciel bouché et gris tous les jours depuis une semaine. Rien ne bouge : pas de lever ni de coucher de soleil, juste un ciel gris qui s’éclaire un peu le matin et redevient noir à 16 heures. Pas étonnant que les szolarium (salons de bronzage) et la palinka soient si populaires!

Le problème d’habiter un peu en hauteur, c’est qu’on a aussi vue sur les cheminées de la ville et sur tout ce qu’elles crachent dans l’air. En ce moment, parce que l’air ne bouge absolument pas, toutes ces fumées font du sur place sous notre nez. On a l’impression d’en prendre plein les poumons chaque fois qu’on respire, et c’est encore pire dans la rue, avec les émanations des vieilles Trabant tuberculeuses qui n’en finissent pas de tousser dans Budapest, toujours dans des couleurs d’une autre époque : bleu poudre, beige, orange délavé, brun caramel, vert menthe… Bref, on est sur le point de sortir avec des masques tellement l’air est nocif.

Je retire tout ce que j’ai dit sur le bon air Hongrois.