poutine au paprikás

jeudi, octobre 11, 2007

Voir Venise et souffrir

Je suis un peu gêné de parler de Venise, parce que j’ai l’impression que tout le monde et sa sœur y est déjà allé avant moi. Eh oui, c’était ma première rencontre avec la Sérénissime! Brève visite : un peu plus de trois jours. Au prix où sont les chambres, on ne s’attarde pas trop à Venise. Les chambres en ville, du moins, car nous ne voulions pas demeurer en banlieue et rater les soirées magiques de Venise, une fois que les meutes de touristes ont regagné les hôtels bon marché sur la terre ferme.

Donc, je vous épargne les descriptions de palais baroques, de places bondées et de canaux romantiques. Pour cela, vous pouvez toujours zieuter nos photos dans l’entrée précédente.

Plusieurs semaines auparavant, nous avions réservé un « very nice apartment » adjacent à la pension d’un couple gai. La pension était complète, mais on nous proposait ce petit bijou avec cuisine et tout ce qu’il faut, pour le prix d’une chambre (130 euros ): une aubaine à Venise en septembre (la haute saison)! Naturellement, nous avions sauté cette occasion en or…

Eh bien, on s’est fait crosser par nos amis gais! Pis ils étaient même pas beaux, à part ça!

Vous avez vu les photos de notre palazzo? L’appartement était tellement rempli de moustiques qu’on ne pouvait pas fermer l’œil de la nuit. D’ailleurs, même si la bombonne de vaporisateur tue-moustique était fournie gratos, on voyait que les occupants précédents avaient opté pour le carnage : dans toutes les pièces, les plafonds et les murs étaient maculés d’écrapou de moustique ensanglanté.

Une fenêtre a coulé un soir de déluge : en sortant de la chambre, le matin, j’ai mis les pieds dans une gigantesque flaque. Il a fallu éponger avec des serviettes qui n’ont jamais été remplacées.
La baignoire était minuscule et n’avait pas de rideau.
La laveuse ne marchait pas.
La télécommande de la télé antique était diabolique. Je n’ai jamais réussi à obtenir le 4, entre autres. Et puis, la télé italienne est atroce de toute manière. Merci, Silvio! C’est juste qu’il n’y a pas grand-chose à faire le soir, à Venise, surtout lorsqu’il tombe des cordes et qu’on a marché toute la journée… Ç’aurait été agréable de se détendre dans un endroit confortable en regardant la télé. Au lieu, on était gelés, piqués, sales et malheureux.

Bref : ville magnifique, hébergement merdique. Seul bon côté : nous étions vraiment bien situés, dans un quartier plus résidentiel un peu à l’écart (Doursoduro). À deux pas d’excellents petits restos pas prétentieux et des lieux fréquentés par les étudiants bizuteurs.

Un petit mot sur la Biennale, la principale raison de notre séjour à Venise.
La tendance se confirme : les arts visuels se dirigent vers le personnel, le spécifique.

Nos expositions préférées :

Pavillon de France : Sophie Calle, qui a demandé à une centaine de femmes de réagir à un courriel de rupture qu’elle venait de recevoir. Re-Sophie Calle au pavillon de l’Italie, où elle relatait les derniers jours de sa mère. Émouvant.

Pavillon du Canada : David Altmejd, qui est rattaché à l’UQAM. Difficile de décrire ses personnages à la fois minéraux et animaux, mais très intéressants. Une des expos les plus appréciées, semble-t-il.

Entre les deux, au pavillon de Grande-Bretagne : Tracey Emin nous en a mis plein la vue avec ses petits dessins tout simples, quelques traits, mais d’une efficacité remarquable. Une orgie de pénis et de vagins dans une œuvre encore très personnelle.

Mention honorable pour le Roumain Dan Perjovschi.

La Biennale est un événement énorme. Un des plus importants rendez-vous artistiques du monde. Elle est présentée sur deux sites principaux, puis dans toutes sortes d’autres petits endroits satellites où se tiennent des événements parallèles. Marc en a avalé plus que moi, car après avoir visité les pavillons nationaux aux Jardins, je n’avais pas le goût de l’Arsenal. Bourgeois, LeWitt, Richter, Spero, Holzer, Buren et compagnie et ad nauseam : ce who’s who de l’art contemporain donne cependant une bonne idée des tendances actuelles.