poutine au paprikás

mercredi, septembre 12, 2007

Miracle sur glace



Il pleut beaucoup en Europe cet été, et la Hongrie n’y échappe plus. Si l’été a été très sec ici jusqu’en septembre, les nuages semblent avoir changé de trajectoire pour nous arroser copieusement, nous aussi. Tant et si bien que le Danube est sorti de son lit il y a quelques jours et que les autorités de Budapest ont dû fermer les chemins qui le bordent. Dommage pour le Festival du vin (voir entrée de septembre dernier) et pour toutes les activités extérieures, car il fait aussi anormalement froid.

Parlant de froid, pendant que Marc assistait à une conférence à Amsterdam, j’en ai profité pour participer à mon premier tournoi de curling de la saison : la Coupe Yoppi, qui avait lieu en octobre l’an dernier. Cette année, heureusement, pas de coéquipier danois saoul, mais des changements qui ne cessent de m’étonner : c’est ça, les Jokers, vice-champions hongrois de 2007!

Vraiment, on ne sait jamais à quoi s’attendre avec mon équipe. Cette fois-ci, Péter, le capitaine, avait décidé de participer au tournoi avec son équipe mixte. Le troisième, Kirsztian, a pris en mains une équipe de débutants sympathiques, puis est disparu sans demander son reste. Restaient Marton, le premier, Péter, le second, moi et deux substituts débutants : une équipe apparemment à la dérive qui n’intimidait personne… Avec Péter no 2 à la barre, nous avons été laminés à notre deuxième match par une équipe slovaque, celle avec le petit monsieur qui a fait sonner mon gaydar l’an passé.

Après une telle humiliation et afin d’éviter deux autres massacres, j’ai suggéré à Péter de changer de place avec moi. Ainsi, il jouerait en troisième position, et moi, le dernier. Résultat : nous avons joué comme des as, remporté nos deux derniers matches avec brio et volé la troisième position à l’équipe de Bratislava qui nous avait crucifiés la veille.



Il faut dire merci au système suisse : Merci, système suisse! Voici comment ça marche : parce qu’on n’a pas le temps de faire des éliminatoires en bonne et due forme, tout le monde joue quatre matches, un peu comme si on était déjà en éliminatoires, et les gagnants jouent les uns contre les autres jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un. Les autres jouent pour améliorer leur position.

Ainsi, après notre défaite de samedi, nous étions dixièmes sur dix-huit. Nous avons joué contre les neuvièmes, et notre victoire nous a amenés en cinquième place. Puis, une autre victoire nous a valu la troisième place, même si, à côté, les Slovaques, qui étaient troisièmes, ont aussi gagné leur match (ils ont terminé quatrièmes). C’est que, pour départager les équipes ayant le même nombre de victoires, on compte ensuite le nombre de manches gagnées par chacune, ainsi que le nombre de points accumulés au total. Or, nous avions chacun remporté trois victoires et 16 manches, mais Jokers avaient marqué deux petits points de plus. À nous le bronze!

Gardant un mince espoir malgré toute vraisemblance, deux de mes joueurs n’en croyaient tout de même pas leur yeux lorsque les résultats sont arrivés. Nous revenions de si loin qu’une troisième place paraissait impossible… L’une d’eux, Jyrkki, ne pourra pas faire partie d’une équipe cette année, parce qu’elle ne gagne pas assez d’argent. Au mieux, elle pourra remplacer ici et là. Elle était folle de bonheur et se proposait, dès son arrivée chez elle, d’appeler tous les membres de sa famille, au fin fond de la Hongrie, pour leur raconter dans le détail notre exploit héroïque.

P.-S. Y’é tellement laite, notre blouson d’équipe, que je suis le seul à le porter durant nos matches officiels. Les autres ne veulent rien savoir. Pourtant, l’an dernier, j’étais le seul à m’y opposer. En plus, il a coûté un bras (pour la Hongrie), et certains de nos joueurs ne sont pas très fortunés. Maintenant, je le porte à toutes les occasions par pure vengeance.