poutine au paprikás

jeudi, mars 29, 2007

Viagra verbal

Chère Poutine,

Je ne te cache rien, bien au contraire. Faute d’amis à qui je peux ouvrir mon cœur, je me confie à toi lorsque quelque chose me tracasse. Voici une autre tuile qui nous tombe sur la tête : figure-toi donc que Marc a un problème de rection! Et, honte suprême, c’est Anita, notre professeure de hongrois, qui me l’a appris cette semaine. J’étais consterné!

Un problème de quossé?

De rection. Vous avez bien lu. Non, ce n’est pas ce que vous pensez. Élevez vos esprits au-dessus de la ceinture, pour une fois, et lisez la définition de MiniBob :

• Ling. Propriété qu'a le verbe d'être accompagné d'un complément direct ou introduit par une préposition.

Et c’est sérieux, car une des innombrables complications de la langue hongroise vient du fait que les verbes ont une conjugaison différente lorsqu’ils sont suivis d’un complément d’objet direct défini. Donc, ça ne s’applique qu’aux verbes transitifs directs. Je vous ai perdus? Je sais, il n’y a pas que des traducteurs dans le monde. Voici un exemple :

Vár = attendre
Barát = un/e ami/e

Várok egy barátot = J’attends un ami (c.o.d. indéfini)
Várom a barátot = J’attends cet ami (c.o.d. défini)


Et ainsi de suite… avec toutes les variantes possibles, sous forme de suffixes.

Várom a barátomot : J’attends mon ami
Várom a barátaimot : J’attends mes amis


Le problème, c’est qu’il faut comprendre le concept de verbe transitif direct. D’où la rection. C’est d’autant plus compliqué qu’un verbe transitif direct en français ne l’est peut-être pas en hongrois. Par exemple, en hongrois, on ne rencontre (találkozik) pas quelqu’un, mais avec quelqu’un… un tout autre suffixe.

J’avoue que je ne connaissais pas le mot « rection » avant qu’Anita nous en parle cette semaine. En fait, lorsqu’elle l’a prononcé, je me suis demandé si j’avais bien entendu… Puis, je me suis demandé si elle n’avait pas perdu un « é » en cours de route. Enfin, nous avons trouvé le terme dans le Robert, et je me suis couché moins niaiseux ce soir-là. Quant à Marc, eh bien, je ne suis pas certain que nous allons réussir à lui faire avaler la rection, car nos cours achèvent et il a encore du mal à faire la distinction, le pauvre. Hát…

lundi, mars 26, 2007

Notre vote



Après des semaines d’attente, nos bulletins de vote sont finalement arrivés du Québec jeudi dernier (22 mars), par service de messagerie. Vous voulez savoir ce que les enveloppes contenaient? Ça tombe bien, j’allais justement vous le dire. En fait, c’est un ensemble gigogne.

Voici nos instructions :

1. Inscrivez prénom et nom du candidat sur bulletin de vote (la liste est sur une feuille séparée, mais il faut écrire soi-même le nom du candidat pour lequel on vote).

2. Insérez le bulletin de vote dans l’enveloppe 766.1 et cachetez cette enveloppe.

3. Insérez l’enveloppe 766.1 dans l’enveloppe-certificat 766.2 et cachetez cette enveloppe.

4. Signez l’enveloppe-certificat 766.2 (…) et inscrivez vos nom et adresse.

5. Insérez l’enveloppe-certficat 766.2 dans l’enveloppe retour pré-adressée 766.3 et expédiez cette enveloppe et son contenu de préférence par avion.

Sans blague, par avion! Notre vote doit parvenir au bureau du Directeur général des élections au plus tard à la fermeture des bureaux de vote, soit 20 h lundi prochain! Marc s’est renseigné : ça coûterait 50 beaux dollars pour faire parvenir les enveloppes au Québec dans les délais! Merci, bureau du Directeur!



lundi, mars 19, 2007

Széged

szeged


Cliquez sur la photo de Szeged pour en voir 40 autres...

Nous avons profité de la longue fin de semaine pour faire un tour du côté de Széged, à environ 200 km au sud de Budapest (autrement dit, à l’autre bout du pays!). Notre objectif : voir une autre facette de la Hongrie, ses plus petites villes. Nous avons été charmés par Széged.

Le seul problème est survenu au retour : notre train a heurté une automobile de plein fouet. Sur le coup, nous avons senti que le train frappait quelque chose, probablement un véhicule. Le conducteur a ‘klaxonné’, on a entendu un bruit sourd, puis il a mis les freins. Par la fenêtre, nous avons vu des morceaux voler dans les airs pendant qu’on entendait les roues écraser quelque chose en dessous. Beurk! Le train s’est immobilisé le plus rapidement possible, quelques centaines de mètres plus loin, quand même, puis ça a été le début d’une attente longue et pénible… Pas de toilettes, pas de restaurant, pas de nouvelles, pas d’air : seulement des enfants qui hurlaient… et le sentiment que quelque chose de grave venait de se passer. Des employés traversaient le wagon au pas de course, mais sans donner aucune nouvelle… On nous a parlé une fois pour nous dire que le train avait frappé une voiture et qu’on repartirait dans une heure, au moins.

Nous sommes finalement rentrés quelques heures après, énervés et un peu ébranlés.
Deux jours plus tard, des amis nous ont appris que l’accident avait été fatal : deux morts.

mardi, mars 13, 2007

Anita, c’est toi là-bas dans le noir?



Semaine magnifique à Budapest : soleil éclatant, 15 degrés. Mettons que Montréal ne nous manque pas trop en ce moment. Ici, on se promène déjà en manches de chemise. En un mot, c’est le printemps! Nous pensons déjà aux plantes que nous allons mettre dans nos pots sur la terrasse, à côté de la roquette et du romarin qui ont traversé l’hiver comme si de rien n’était, tellement il a fait doux. Partout dans la ville, les horticulteurs plantent des tonnes de fleurs en prévision de la fête nationale du 15 mars (ils craignent les émeutes et croient que les fleurs adoucissent les mœurs)…

Donc, journée de congé jeudi, et avec le pont de vendredi, nous avons droit à une fin de semaine de quatre jours. C’est un peu inattendu, le pont (Marc l’a su il y a 10 jours), et nous sommes un peu pris au dépourvu. Nous allons essayer d’en profiter pour visiter la Hongrie, car la capitale est tout ce que nous en avons vu depuis notre arrivée. Maintenant que j’ai bien étudié les options, je connais plein de places où je veux emmener Loulou bientôt : des châteaux, des forts, des jardins, etc. mais je ne veux pas y retourner dans moins d’un mois, et j’aurais aimé prendre au moins deux jours, pas juste faire un aller-retour en une journée. Le problème, c’est que la Hongrie, ce n’est pas grand, et le coin le plus reculé du pays est à environ trois heures de train. Pour le moment, nous croyons partir pour Szeged, la capitale du paprika, au sud du pays. Ça risque de changer, mais ça correspond à peu près à ce que nous cherchions : surtout, voir une autre facette de la Hongrie, mais pas trop touristique; aussi, éviter Budapest le 15, car on nous promet des manifestations et peut-être du grabuge…



Nous sommes heureux d’habiter notre appartement à Budapest; il n’est pas parfait, bien sûr, mais les avantages dépassent largement les inconvénients. Il fait déjà si beau que nous pensons déjà à prendre nos dîners dehors. Une chose étonnante, cependant, c’est le mauvais entretien de l’immeuble, qui laisse vraiment à désirer. Car, vous vous en doutez, les mononcles de luxe que nous sommes n’habitent pas dans un shack, quand même! Plus d’une fois, nous avons pensé vous entretenir de ce sujet, en particulier du commutateur crotté du rez-de-chaussée, qui a finalement été remplacé, pas nettoyé (mission impossible?). Ou de la flaque de vomi qui a passé 36 heures sur le plancher du hall d’entrée, juste devant les boîtes à lettres, persze (pire : quelqu’un l’avait couverte de papier journal et d’une note en hongrois). Ou de la boîte à lettres qui est tombée du mur et a passé quelques jours par terre. En fait, si je ne vous en ai pas parlé avant, c’est pour ne pas effrayer tous les amis que nous essayons d’attirer ici pour les vacances… Un petit conseil : avant d’arriver, entraînez-vous à retenir votre souffle dans un ascenseur, car dans le nôtre, il flotte souvent des effluves de petit canard hongrois…

Cette négligence est d’autant plus étonnante que j’ai moi-même visité des appartements plutôt crades dans des immeubles aux halls d’entrée tout à fait somptueux et immaculés. Alors qu’en entrant chez nous, on se croirait vraiment dans un taudis. En prime, il règne en permanence une odeur de friture qui tombe sur le cœur, gracieuseté du resto de chats morts au rez-de-chaussée… Selon Tristan, qui n’a pas pu s’empêcher de l’essayer, la bouffe du buffet chinois est aussi infecte que son odeur…



Bref, je croyais qu’on avait à peu près tout vu en matière de négligence, mais aujourd’hui, nous tombons encore plus bas : la seule lumière qui restait dans l’ascenseur a rendu l’âme ce matin, et nous devons maintenant faire le trajet dans l’obscurité la plus complète! Aujourd’hui, lorsque Anita est venue pour son cours de français, j’ai cru bon l’avertir à l’intercom qu’elle monterait dans le noir. Et en sortant, je l’ai même accompagnée jusqu’au rez-de-chaussée pour la rassurer. Quand même, c’est plutôt étrange, de prendre l’ascenseur (qui est minuscule) dans le noir… Monsieur Chaput (omniprésent concierge du 355 Berri), je vous lève mon chapeau!

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lundi, mars 05, 2007

Szivárvány



Lundi, un orage a éclaté pendant que je travaillais à mon pupitre. Le temps que je termine une phrase, enfile une veste et monte sur la terrasse pour rentrer les vêtements, ceux-ci étaient déjà trempés. Mais ma déconfiture s’est vite transformée en enchantement lorsque j’ai aperçu au loin un arc-en-ciel double. Je n’en avais vu qu’un seul auparavant, il y a plusieurs années. Le deuxième est un peu difficile à voir sur la photo : il décrit un arc similaire à l’autre, juste au-dessus du double clocher vert.

allez ici

vendredi, mars 02, 2007

Franco fourchettes



(En écoutant Le jeu des 7 erreurs, d’Élodie Frégé)

Samedi dernier, les franco fourchettes se sont retrouvées au Csalogány Palace pour une journée emplettes et bouffe. Il y avait Anita, Monsieur Christophe, Frédéric et la danoise Eva, Laurent-de-Paris et Emiel-d’à côté, ainsi que Marc et Normand. L’objectif : mettre en commun les petits secrets, endroits et régals que chacun avait découverts par soi-même depuis son arrivée ici. Nos courses ont gravité autour de Moszkva tér et du Mammut (I et II), car la plupart d’entre nous habitons le quartier et c’est donc celui que nous connaissons le mieux.

Dans l’ordre, nous avons visité :
. la boutique qui offre la meilleure sélection de vins hongrois en ville, à des prix raisonnables, car c’est une sorte de club. En prime, réduction de 20 % sur les vins étranger en février.
. la boulangerie d’en face, la meilleure que nous ayons trouvé jusqu’à maintenant.
. le marché (piac) de la rue Feny : fruits, légumes, bonne fromagerie, bouchers, charcutiers, etc. mais aussi un marché d’épices et de produits exotiques ainsi qu’un marchand de thé cachés dans des coins difficiles à trouver. Pas de touristes ici, c’est la Hongrie des hongrois.
. le petit bar à jus qui abrite une excellente sélection d’herbes fraîches et de fruits et légumes exotiques (endives, fenouil, okra, haricots verts, gingembre, figues : le gros lot!). Eva s’est acheté de la menthe et rêvait déjà de sa prochaine tasse de thé. C’est pas drôle, quand même, quand on a presque les larmes aux yeux en voyant de la menthe fraîche… mais c’est la qu’on en est rendus, comme dirait Michel R.

Nous avons rapporté nos trouvailles à la maison pour notre festin. Pendant que nous déballions le tout et préparions une salade, Frédéric est descendu à la cave nous chercher deux bouteilles. Puis, nous avons eu droit à un sympathique Friday Night Dinner, mais vingt heures plus tard en Hongrie. Vous connaissez la formule : on dépose le tout sur la table et on se sert sans manières. On parle de tout, on goûte à tout. Frédéric et Eva, qui sont plus audacieux que nous, avaient acheté des spécialités hongroises auxquelles nous avons tous goûté avec curiosité, sauf une dont je vous épargne la description. Bonheur de casser la croûte entre amis, autour d’une table bien garnie. C’est la première fois depuis notre arrivée que nous étions autant de convives (six!). Bonheur de recevoir chez nous. Bonheur de connaître des gens intéressants. Bref, un petit moment parfait. Pendant ce temps, j’ai reçu un courriel de mon frère Michel, avec des photos de sa dernière randonnée en ski de fond, pas trop loin de chez lui (Baie-Comeau). Ça faisait vraiment « Mon pays… »! Les Français se sont extasiés devant la cabane au Canada! J’étais heureux de leur montrer « chez nous », sous la neige bleue.

Je crois qu’Anita, notre Hongroise de service, était plutôt surprise de la façon dont le tout s’est déroulé, c’est-à-dire pas du tout à la hongroise (ici, on est très formel avec les étrangers). Elle était surtout touchée de la gentillesse avec laquelle la tablée lui a fait une place.

Ensuite, nous sommes allés à Pest avec Christophe : d’abord chez lui, sous les combles d’un immeuble autrefois superbe, puis à notre bar préféré, où nous avons regardé tomber le jour en sirotant bière et pálinka. Des heures de conversation animée mais pas forcée, sans dictionnaire, avec des gens intéressants et intéressés : je me rends compte à quel point j’étais en manque de contact.