poutine au paprikás

jeudi, février 22, 2007

Diamonds are forever





Cette année le thème du Farsang à Vienne est « Diamants ». Le Farsang, c’est le carnaval, un peu comme celui de Venise et pas mal moins comme celui de Québec.

Donc, j’étais à Vienne la fin de semaine dernière pour participer à une compétition de natation liée au Farsang avec ma petite gang de Hongrois, ceux-là mêmes avec qui je nage dehors tous les dimanches. Nous étions plus de 10, si on compte les accompagnateurs, dont un couple de lesbiennes (une qui nage et une qui regarde). Faut aussi dire qu’il s’agit d’une nouvelle compétition dans le circuit gai/lesbien (à peine trois ans) qui semble marquer une étape importante pour la communauté de Vienne.

Pour ce qui est de ce genre d’activité communautaire, l’Autriche est un peu plus organisée que la Hongrie, mais quand même moins que la Hollande, l’Allemagne ou l’Angleterre. C’est donc dans une ambiance de franche camaraderie et avec une organisation très sympathique que nous avons participé à cette petite compétition.

À mes amis de Montréal avec qui je nage, je dirais que ça me rappelle nos premières compétitions : même fraîcheur et bonne camaraderie. En fait, c’était la première année que l’événement était officiellement reconnu par la FINA (Fédération Internationale de Natation) autrichienne, et c’était tout un honneur pour les organisateurs. Pour l’occasion, une députée lesbienne du Parlement autrichien, la toute première ouvertement déclarée, qui nage avec l’équipe en plus, était présente et participait à la compétition. En signe de reconnaissance vis-à-vis la communauté, les gens de la FINA avaient invité un groupe d’enfants de 8 à 16 ans à venir faire une démonstration de plongeon. C’étais assez charmant d’ailleurs, quoiqu’un peu long, mais vraiment une bonne idée.

Une fois les plongeons terminés et l’hymne national autrichien joué, on a commencé à nager. Là, à ma très grande surprise, il y avait un couple de DJ au bord de la piscine. Faut le faire! C’est la première fois que je voyais ça : un gars et une fille DJ très, très bons qui jouaient de la musique house en direct entre les départs. Faut penser aux fils électriques et à l’eau! En plus, il faut arrêter au moment des départs, avec le sifflet, et ils étaient parfaits, le timing était magique. Il faut dire que ça fait trois ans qu’ils font cela. Et parce qu’ils aiment les Hongrois, qui les ont félicités de leurs choix musicaux, ils ont même joué une pièce « chill-house » du fameux Hongrois Yonderboi. Cute, n’est-ce pas?

Pour ceux que ca intéresse ou ceux qui ne connaissent rien de tout cela, je vous donne un lien vers ce kid d’à peine 20 ans.
http://www.myspace.com/yonderboi





Parlant d’avoir à peine 20 ans, moi j’en ai plus du double, mais certains de mes amis nageurs hongrois sont dans la petite vingtaine. C’est sûr que ça attire les « amateurs » de jeunesse hongroise. Bien entendu, autre détail drôle, il y a eu un mini pink flamingo fait par l’équipe de Berlin, une vraiment belle équipe avec des gars et des filles très sympathiques. Pour ceux qui ignorent ce qu’est un pink flamingo, il s’agit d’un relais en costumes, ce qui signifie généralement que les participants sont travestis.

J’ai donc participé à trois épreuves et gagné deux médailles en forme de diamant, thème du Farsang, en plus d’un relais toujours aussi sympathique. Par ailleurs, plusieurs nageurs ont été disqualifiés parce que les représentants de la FINA autrichienne appliquaient les règlements à la lettre, mais bon, on voulait du sérieux et on en a eu.





Une fois la compétition terminée, nous sommes allés directement au resto. J’ai trouvé ça génial, plutôt que de nous faire rentrer à la maison (j’étais hébergé), nous préparer pour la soirée et mourir de faim, on nous a dirigés directement à la brasserie à côté de la piscine. La bouffe était correcte; rien d’extra, mais j’ai bien aimé cette idée de pas de flanage pis on va direct à la brasserie. Comme ça, on avait tout le temps de faire un mini dodo par la suite et d’aller se poupouner pour la grosse soirée disco qui nous attendait.

Comme j’étais assez fatigué et qu’il fallait garder de l’énergie pour la soirée, je suis allé me reposer chez notre hôte. J’habitais avec les deux Gabor, qui ont placoté tout le temps de mon dodo bien mérité. Après une bonne heure de sommeil, ils ont eu la bonne idée de me réveiller avec du champagne autrichien… Inutile de dire qu’on était pas mal pompettes pour partir à l’aventure cette nuit-là. Faut dire que mon hôte habitait loin du centre-ville, et il faut savoir comment s’en retourner car, bien qu’il ait des autobus de nuit, je ne connais pas Vienne comme le fond de ma poche.



Arrivés à la discothèque, attente interminable dehors par un vent horrible. À l’intérieur, une foule hyper compacte et très bigarrée, assez sympathique, mais mes Hongrois étaient encore un peu pognés malgré le champagne et la bouteille d’Unicum (élixir hongrois) qu’on avait bue dans la file d’attente. Moi, j’avais le goût de danser, mais disons que ça a pris quelques grosses bières pour que les hongrois nageurs se déniaisent et prennent d’assaut la piste de danse. Ça c’est donc terminé tard et sans détails croustillants en ce qui me concerne (je vous vois venir, vous autres, là). En fait, le problème du retour, c’était de trouver le bus de nuit malgré la fatigue et l’alcool, de prendre le bon bus et d’arrêter à la bonne place… Bien entendu, tout cela dans un froid épouvantable. Je pense que ça m’a pris 1 heure pour un trajet de 10 minutes.

Le week-end s’est terminé par le classique brunch du dimanche, après quoi je suis revenu en train vers Budapest avec mes amis. Tout le monde était satisfait de sa fin de semaine, même que nos jeunots ont scoré et ils rentraient avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles.



lundi, février 19, 2007

expats et autres bébittes

Samedi soir dernier, pendant que marcpageau s’épivardait dans une piscine viennoise (deux médailles, quand même!), je suis allé célébrer l’anniversaire de monsieur Christophe, un nouvel ami. Soirée à saveur française, car le jubilaire était entouré de ses collègues de l’Institut français. Quel plaisir de passer quelques heures en français! Normalement, dès que je sors de l’appartement, je ne comprends plus rien de ce qui se passe autour de moi : ni l’écrit, ni le parlé. Bon, je saisis des bribes ici et là, mais je surnage à peine dans une mer de hongrois, et ça demande un effort énorme.

Malgré mes bonnes intentions, je vois que nous allons fréquenter surtout des expatriés comme nous. En plus, avec les Français, on a parlé de bouffe la moitié du temps. Eux, ils connaissent ça! D’ailleurs, nous organisons une expédition samedi prochain : chacun va montrer aux autres ses découvertes gastronomiques à Budapest. Par exemple, moi, j’ai trouvé une excellente boucherie qui vend de l’agneau : ça vaut de l’or, une telle information. Donc, nous allons mettre en commun toutes nos trouvailles! En caravane partons à la cabane… ou au Mammut!

À part la bouffe, qui préoccupe tant les Français, on a parlé de politique (Ségo vs Sarko), de TV5 Monde (les films sont poches rare!), de la vie à Budapest et des vendeurs hongrois, dont je me suis amplement plaint auparavant. Croyez-moi, je ne suis pas le seul à les trouver exécrables : chacun y est allé de ses histoires d’horreur au comptoir de tel ou tel magasin. Monsieur Frédéric avait une théorie : il paraît que, durant le régime communiste, comme il y avait disette de tout, les vendeurs étaient rois et maîtres. On manquait tellement de tout ici, dès qu’un peu de marchandise arrivait en boutique, les tout-puissants vendeurs décidaient qui en aurait ou non, car il n’y en avait pas assez pour tout le monde. Comme les médecins aujourd’hui et les curés hier, tout le monde voulait avoir un vendeur dans la famille, ou au moins parmi ses connaissances. Ils n’avaient aucun effort à faire : on venait à eux rempli d’espoir et on les traitait avec beaucoup d’égards (et peut-être un peu de bakchich) pour avoir le privilège d’acheter leur marchandise. Bien sûr, cette époque est révolue. L’économie hongroise, quoique chancelante, s’intègre graduellement à celle du monde, et les Magyar peuvent acheter de plus en plus de choses dans leurs magasins. Malheureusement, l’attitude nonchalante de beaucoup de vendeurs, qui choque tellement les visiteurs, est encore présente à certains endroits. Bon, dans les boutiques qui s’adressent aux touristes, on ne s’en rend pas tellement compte, car les étrangers s’attendent à un minimum de service, mais dans les magasins destinés aux Hongrois, il faut s’armer de patience. Même nos amis hongrois en rient, et c’est peut-être la seule chose à faire, finalement!

mardi, février 13, 2007

Babes



Dès lundi, j’ai su que la semaine dernière serait une semaine poche. C’était peut-être le rendez-vous chez le dentiste, direz-vous… Quoi qu’il en soit, c’était le genre de semaine où tout va de mal en pis. On ne reçoit que de mauvaises nouvelles et on a l’impression que le monde entier s’est ligué pour nous tourmenter. Normalement, on serre les dents, on baisse la tête et on attend que ça passe en espérant qu’on a déjà touché le fond et qu’on est en train de remonter. Or, vendredi dernier, je ruminais les événements de la semaine en me dirigeant vers le supermarché d’en face lorsque j’ai eu un coup au cœur qui a failli m’achever : Babes, notre boutique préférée entre toutes, avait fermé ses portes! Babes ce phare de la mode hongroise, dont les vitrines nous laissent toujours pantois, fermé! Désespoir!

J’ai fait les emplettes la mort au cœur, me demandant comment j’allais annoncer la triste nouvelle a marcpageau sans qu’il s’évanouisse. C’est que nous vouons un culte sans bornes à Babes, même plus qu’à Zizi Boutik, c’est dire! Je vous l’ai déjà dit : la mode est folle à Budapest, et les vieux croûtons que nous sommes n’y comprenons plus rien depuis longtemps. Une tristesse énorme et inexprimable s’empare de la matante le jour où elle se rend compte qu’elle est dépassée par la mode. Que YMCA ne fait plus danser personne, juste rire. Que son kit tresses-et-chapeau-Boy-George n’est même plus bon pour l’Halloween… La prochaine étape, c’est la teinture à sourcils et les couches designer.

Mais tel un phare, Babes nous guidait et nous montrait la voie de l’élégance vestimentaire à la hongroise. Nous nous y étions accrochés avec le désespoir du condamné, car sans Babes, nous étions perdus. Dure, dure fin de semaine, à passer devant la boutique vide : plus d’enseigne, plus de marchandise. Déjà, les nouveaux occupants aménageaient leur espace et effaçaient toute trace de notre boutique adorée. En plus, nous avions parlé pendant des mois de faire une poutine sur Babes pour partager ce bonheur avec nos lecteurs, mais il était trop tard. Perdants sur toute la ligne.

Mais hier matin, coup de théâtre : tel le phénix, Babes renaît de ses cendres, nouveau et amélioré (si cela se peut)! Le petit hiatus n’était qu’une cure de Jouvence! J’ai couru à la maison pour prendre l’appareil photo et enfin immortaliser ce temple du prêt-à-porter avant un autre malheur! Voici donc Babes, notre plus grande joie dans le Mammut!

samedi, février 10, 2007

Mercredi = Medvek



Le mercredi, c’est la journée « ours » (medve en hongrois).

Bon, avant d’aller plus loin, y a-t-il quelqu’un qui ne sait pas encore ce que c’est, un ours?
C’est ça : des grosses moumounes à poils! En théorie, du moins. Dans la vraie vie, le mouvement ours attire toute la gamme colorée de la fifure : des gros aux pic-pic, des velus aux tondus, etc. mais ils ont tous tapettes. Et naturellement, plus le mouvement gagne en ampleur, plus il s’y crée des catégories pour désigner :
. les différents types de pilosité, de capillarité, de musculature
. les chasseurs d’ours qui n’en ont pas le physique eux-mêmes
. les oursons, les aspirants ours
. les barbus, les moustachus, les boucus, les tatoués, les percés et je sais plus quoi encore

Bon, j’arrête tout de suite, je viens de me rendre compte qu’il y a un article complet dans Wikipédia sur les ours (voir le lien).

Ici, ces distinctions sont inutiles de toute manière. Comme la vie gaie en est encore à l’âge des pierres en Hongrie, on met tout ce beau monde là dans le même panier et on se donne rendez-vous les mercredis soir dans un… café. Eh oui, un simple café! Vers 21 heures, les gars arrivent et prennent place autour de quelques tables du fond pour se rencontrer, se conter leur semaine, prendre une bière pas cher, etc. Pas de grands sparages : la plupart d’entre eux n’ont jamais fait de coming-out officiel. Mais simplement par leur présence, ils font preuve d’une grande audace pour le commun des homos hongrois.



J’aime beaucoup ces rencontres du mercredi. J’ai même commencé à apprivoiser quelques-uns des ours, dont certains sont très sympathiques. Les Hongrois ne se dégèlent pas rapidement et, comme marcpageau l’a remarqué, ça ne sert à rien de leur tordre un bras (ou autre chose) : il faut les attendre patiemment.

Le mercredi, il y en a de toutes les sortes : des réguliers et des occasionnels, des timides et des sans-gêne, des fortunés et des cassés, des professionnels et des étudiants. J’aime bien ce mélange, ça nous rappelle que la communauté gaie est faite de toutes sortes de gars. Maintenant qu’ils me connaissent, les gars me parlent en anglais (une grande marque de confiance), me posent des questions, sont curieux. La question qui revient sans cesse : Pourquoi êtes-vous venus vous installer ici? (sous-entendu : alors que tous les Hongrois n’aspirent qu’à fuir le pays). Ils sont curieux de voir comment nous faisons pour vivre « si ouvertement » (ta MÈRE va rester chez vous?), tout en se disant qu’eux-mêmes ne pourraient jamais s’afficher de la sorte.

Ils m’apprennent beaucoup sur la Hongrie et ses habitants, des gens modestes qui commencent à peine à s’ouvrir sur le monde et à voyager un peu… quand ils le peuvent. Un exemple : un ami médecin, qui arrive à peine à se payer un trois et demie à 200 $ par mois, cherche à louer une chambre à un étudiant, pour pouvoir économiser un peu d’argent. Ce médecin a besoin d’aller chez le dentiste, mais il ne sait pas comment il va faire pour payer. Alors quand on lui demande où il va passer ses vacances, il essaie de ne pas avoir l’air trop penaud lorsqu’il répond : au village de ses parents. Le plus loin qu’il est allé : en Italie, où l’on peut se rendre en voiture. J’ai arrêté de lui dire « Quand tu vas venir me voir au Canada… » parce que c’est tout simplement impossible dans les conditions actuelles, même s’il n’avait à payer que son billet et son visa (car ça prend un visa)…

C’est le genre de chose que j’apprends en écoutant les ours Hongrois.

lundi, février 05, 2007

Collines de bine



Magnifique journée d’hiver à Budapest. Sauf la fausse alerte de la semaine dernière, toujours pas de neige. Pourtant, on nous assure que les hivers sont blancs ici. Aujourd’hui, le beau temps était tellement invitant que nous avons décidé d’explorer un des endroits favoris des Budapestois… en été : les collines de Buda.

Budapest est ainsi faite : Pest-la-plate, à l’est du Danube brun, et Buda-la-montagneuse, à l’ouest. Dans les années 20, 30 et 40, l’avènement de l’automobile a entraîné l’aménagement des collines de Buda, d’abord près du centre, puis en périphérie. Aujourd’hui, elles sont couvertes d’habitations plus ou moins cossues. Parce qu’il faut toujours une voiture pour s’y rendre (pensez Outremont ou Westmount-en-haut), ces zones sont demeurées le terrain de jeu des Hongrois plus fortunés. Nous-mêmes, nous y avons visité des appartements l’été dernier, mais nous avons refusé d’y habiter parce qu’il y faut une voiture pour aller chercher un pain.



À l’heure où j’écris, au coucher du soleil, on voit à quel point les collines sont habitées parce que les maisons bourgeoises s’allument une à une et créent un tapis de lumière qui les recouvre jusqu’au sommet. Buda a la réputation d’abriter les citadins riches, et Pest, les plus pauvres. D’une façon générale, c’est vrai, mais il y a aussi de nombreuses exceptions, comme les complexes soviétiques parachutés ici et là, à l’extérieur de la ville bâtie, ce qu’on voit ailleurs en Europe. Donc, Buda a aussi sa part de HLM glauques, mais ceux-ci sont rarement au sommet des collines, quand même!



Passé la conurbation de Budapest, cependant, les collines s’étendent à perte de vue sans être couvertes d’habitations. C’est là entre autres (avec l’île Margit et les grands parcs de Pest) que les citadins vont échapper à la canicule, en été. L’air y est toujours un peu meilleur qu’au centre-ville, sur les rives du Danube (brun).



Il n’y avait pas que nous, cet après-midi. Il faisait tellement beau, les gens avaient tous le goût de bouger. En été, les chemins que l’on doit emprunter sont bordés d’arbres, et on ne voit probablement rien que du feuillage. Mais comme les arbres étaient aussi chauves que nous, alors on pouvait voir les résidences et les quartiers avoisinants mieux qu’en été. Toujours en quête d’activités intéressantes pour nos amis visiteurs, nous avons joué aux touristes et pris le « train des enfants » : un petit chemin de fer serpentant dans les collines qui est entièrement exploité par des enfants (sauf la locomotive). Ça, je mets ça sur la liste de Loulou. Nous sommes descendus du mini-train pour monter à pied jusqu’au point le plus élevé de la ville (environ 500 m, je crois), où se trouve une tour d’observation rénovée depuis peu. Très joli panorama de la ville.



Et, ô surprise : pas très loin, on peut revenir en ville assis en télésiège! Vue splendide et silencieuse de Budapest au loin. Ça, je ne suis pas si sûr que ça intéressera Loulou, mais ça vaut vraiment le détour!