poutine au paprikás

lundi, août 28, 2006

Gouli-goula (à Michel)



Comme Marc avait un souper avec ses collègues, hier soir, j’en ai profité pour me payer une petite soirée au resto avec mon frère Michel, du moins en pensée. J’ai fait quelque chose que je voulais faire depuis notre arrivée : aller au resto et me commander une vraie gulyāsleves (prononcer gouliache-lévèche) hongroise. Pour des raisons que je vous épargnerai ici, la goulash et devenu un mets fétiche chez les frères Boucher et a alimenté quantité de blagues depuis notre enfance (Yvon en sait quelque chose). Bref, il fallait absolument que j’y goûte.

La goulash hongroise est une soupe consistante qui, un peu comme la tourtière au Québec, se décline sur tous les tons. En fait, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre. La mienne était moins ragoût et plus soupe, mais absolument délicieuse. Ensuite, j’ai poursuivi notre fraternel festin en commandant une salade bulgare, qui pourrait tout aussi bien s’appeler « salade Michel » : des concombre et des tomates sous une montagne de fromage bleu! Tellement de fromage bleu, en fait, que j’en ai presque laissé la moitié. Si tu n’es pas encore évanoui, Michel, sache que le dessert consistait en une crêpe flambée au noix et chocolat. Jo etvagyat kivanok! (bon appétit!)

vendredi, août 25, 2006

Bauhaus revival



Il n’y a pas que les compilations des années 80 qui font revivre Bauhaus. Ironie du sort, le groupe alternatif mythique qui chantait Bela Lugosi (d’après un Hongrois célèbre… mieux encore, un Transylvanien né au moment où la Transylvanie faisait partie de la Hongrie) tire son nom d’un mouvement artistique avant-gardiste des années 20 et 30 bien connu des amateurs d’architecture et de design. Or, le quartier où nous habitons en ce moment a été aménagé dans les années 20 et 30. Vous devinez ce qui suit? Il est rempli d’immeubles de style Bauhaus! Un vrai régal pour les yeux.

Voir sur Wikipedia:
"http://en.wikipedia.org/wiki/Bauhaus



lundi, août 21, 2006

Szent Istvan

Journée superbe, hier, pour célébrer la Szent Istvan (voir petit article sur le sujet). Sans le faire exprès, nous avons assisté aux célébrations, nous aussi, car nous avons fait la navette entre Buda et Pest toute la journée. En effet, pour nous rendre à Buda de notre hôtel, il faut emprunter le pont Margit, sur lequel la foule s’amassait de plus en plus au fil de la journée. Au menu : spectacles aériens et nautiques, puis feux d’artifice en fin de journée. Tout le monde nous avait parlé des feux d’artifice, mais comme nous en avons été gavés pendant 10 ans, nous n’y tenions pas particulièrement.

voir:
http://www.lepetitjournal.com/content/view/7441/956/

Les feux étaient prévus à 21 h. Nous avons traversé le pont une dernière fois vers 19 h : il y avait de plus en plus de monde sur celui-là parce que les feux sont lancés des autres ponts, qui sont donc fermés au public. Nous nous sommes arrêtés à une terrasse pour souper sur une de nos rues préférées. Devant nous, les trolleybus arrivaient bondés de gens qui se déplaçaient spécialement pour les feux. Nous sommes entrés à l’hôtel juste à temps pour regarder la télédiffusion des feux, à 21 h (quand même). Chose étrange, avant qu’on les voie apparaître à l’écran, des lueurs éclairaient le ciel à travers les rideaux : nous avons cru que les feux avaient déjà commencé et que la retransmission accusait un léger retard…

Or, il s’agissait de toute autre chose : un violent orage était sur le point d’éclater. Imaginez : alors que commence le clou de la soirée, devant des dizaines de milliers de personnes rassemblées sur les ponts, les berges et d’innombrables bateaux (à la télé, on ne voyait plus le Danube en dessous), la tempête éclate. Pluie, grêle et vents de plus de 100 km/h. À la télé, les images étaient surréalistes, car les lentilles des caméras fixées sur les feux étaient couvertes de pluie : on ne voyait plus rien que des couleurs floues qui bougeaient à l’horizontale. Pris au dépourvu, les pauvres spectateurs n’ont rien vu venir et n’ont eu aucune chance de se mettre à l’abri. Résultat : trois morts et de nombreux blessés. Je crois que la Szent Istvan de 2006 restera longtemps gravée dans la mémoire des gens.

Lehel Tér



Tout le monde s’entend : l’édifice qui abrite Lehel Ter est un véritable crime contre l’architecture. Œuvre du fils d’un notable hongrois, l’immeuble reproduit les formes d’un bateau, avec la proue, la poupe, les ponts, etc. Situé au-dessus d’une station de métro, il offre un stationnement en hauteur, auquel on accède par une rampe latérale (voir photos). À l’intérieur, le centre est un grand atrium, les commerces sont disposés sur les flancs en étages. Au rez-de-chaussée, des madames hongroises portant dents en or et moustache vous offrent des légumes-fruits (zöldseg-gyümolcs, dans cet ordre en hongrois) d’une fraîcheur irréprochable. De tout, mais pas une grande variété. Je me demande si les étals des cultivateurs disparaissent une fois les récoltes terminées…

Mon coin préféré : la buvette où, dès le matin, la commère et le cultivateur se retrouvent pour prendre une petite bière et causer primeurs.



Le plus impressionnant, ce sont les étals de viande : on ne voit plus les vendeurs derrière la forêt de saucissons suspendus au-dessus des comptoirs. Ils sont là, portant : quand on s’attarde un peu, on fini par entendre « Tessek! » derrière le mur de cochonnailles. J’ai pris une photo de ma vendeuse de jambon (sonka) préférée. Je lui parle à travers une fenêtre de saucisson. Ici, le porc est roi, suivi du bœuf. Le poulet n’a pas tellement la cote; en fait, on se moque des Nord-Américains pour leur consommation de volaille.



Donc, pour les provisions, nous ne trouverons pas bien mieux. D’ailleurs, les supermarchés (élelmiszer) sont un peu piteux en ville; nous n’y allons que pour les produits de base. Pour l’alcool, j’ai finalement trouvé un excellent magasin à quelques rues d’ici. Pas cher, pas cher : ni le fort (15 $ pour vodka ET martini), ni le vin hongrois (attention, on aime ça sucré, ici!).



À quelques pas de Lehel Ter, on trouve le plus grand centre commercial de Budapest : West End. Une fierté! D’ailleurs, le Canada occupe une petite place spéciale dans ce mastodonte : près de l’entrée sud, l’espèce de cataracte qui fait tomber de l’eau sur des rochers hauts de deux étages s’appelle Niagara et c’est un cadeau du Canada (occasion : le millénaire de la Hongrie, en 1996). J’avoue que c’est réconfortant de savoir que, lorsque j’en aurai assez de chercher la petite boutique spécialisée du quartier, je pourrai toujours me rabattre sur le West End pour y trouver ce que je cherche.

Aujourd’hui, visite du plus grand marché de Budapest, dont on dit beaucoup de bien. Il va falloir tenir Marc bien en laisse.

Teknologik

Depuis notre première excursion hors de Montréal (un groupe d’amis partis sur un fatidique nowhere, en décapotable, au Vermont), pour nous, voyage rime apprentissage. Avant-hier, par exemple, j’ai finalement compris comment fonctionne la hotte super-design de notre cuisinette : il s’agit de tirer dessus. Hier encore, comme il commençait à faire chaud dans notre suite, j’ai humblement demandé à la femme de ménage de m’expliquer (dans un mélange d’anglais, de hongrois et de gestes) comment fonctionnent les climatiseurs. Rien de plus simple, gros nono : il s’agit de jouer avec la température du thermostat jusqu’à ce que l’appareil se mette en marche! Il fallait vraiment y penser! Moi, je les croyais brisés parce qu’ils ne répondaient pas aux réglages normaux... Résultat : le cadran du salon est réglé à 30 ºC et celui de la chambre à coucher à 15 ºC… mais la température ambiante est confortable. Et puisque toutte est dans toutte, ceci contiendrait-il une subtile métaphore? À savoir que, en Hongrie, le mode d’emploi ou la méthode n’est peut-être pas toujours ce qui marche le mieux? L’avenir nous le dira.

mercredi, août 16, 2006

Premier chapitre


La semaine avant notre déménagement a été de plus intenses. Heureusement que nous « n’avions rien à faire », car s’il avait fallu empaqueter tous nos cossins en plus de tout ce que nous avions à faire, nous n’y serions jamais arrivés. Ça faisait longtemps que je m’étais couché aussi fatigué… et aussi découragé devant la longue liste de choses qui restaient à faire. Résultat : je suis parti sans avoir pensé à déposer un chèque, moi qui cours toujours à la banque dès que je reçois un paiement.

L’intensité du déménagement a atteint son paroxysme la veille de notre départ, quand nous avons enfin mis la main sur nos visas, fraîchement arrivés d’Ottawa, et par le fait même, sur nos passeports. Ce jour-là, les affaires étaient tellement pressantes que le cabinet d’avocat chargé de cette périlleuse mission a dû envoyer une stagiaire cueillir lesdits documents à l’ambassade de Hongrie le jour même, en train jusqu’à Ottawa, pour nous les rapporter le soir. Jusqu’à ce matin-là, nous ignorions si les visas seraient délivrés à temps, et nous avions déjà envisagé de mettre en œuvre les plans B et C (vous ne voulez pas savoir). Bref, il était moins une…

Pour ce qui est des déménageurs, que dire? Affreux mais efficaces? Odorants mais diligents? Édentés mais souriants? Anglophones unilingues (ville LaSalle, c’est si loin), mais sympathiques? Bref, un heureux mélange. Pas eux les crosseurs, en tout cas. Après une première évaluation douteuse où l’on nous a dit tour à tour que notre stock était trop lourd, puis trop volumineux, nous nous sommes fait dire par nos déménageurs odoriférants ce jour-là que ce n’était même pas la peine de démonter nos meubles IKEA tellement il y avait de la place dans le conteneur orange! Ruth nous a confié que le logiciel utilisé pour faire l’évaluation est mal fait et en met toujours trop… Nous le savions, et nous avons même pris une photo de moi dans le conteneur alors qu’il ne reste pratiquement plus rien à charger.

Le lendemain matin, le frère de Marc est venu de Québec pour prendre un tas de cochonneries, surtout à Marc. Il s’appelle Carl, le frère, et il mérite une médaille. Moi, je n’aurais jamais demandé à Michel de faire Québec-Montréal aller-retour en une journée pour des affaires qu’on aurait pu mettre dans le conteneur. Mais les frères Pageau sont d’une loyauté à toute épreuve, et Carl a été un ange. Bien hâte de voir sa nouvelle maison à Québec City.

Sommes arrivés à l’aéroport plus de deux heures à l’avance. Marc (« c’est pas assez, on va rater l’avion ») a presque eu raison cette fois-là. Car l’interdiction actuelle d’apporter des liquides/gels/etc. dans les avions cause des retards et des lignes d’attentes considérables. À la fin, heureusement, on nous a tirés de la file parce que l’embarquement de notre vol était annoncé et que nous n’étions qu’à mi-chemin. En fait, ce qui nous a retardés, c’est la demi-heure d’attente au guichet en raison de notre valise excédentaire (165 $ s’il vous plaît).

En effet, puisqu’il nous fallait apporter le nécessaire pour un mois (le temps que nos possessions traversent l’Atlantique), soit des vêtements, des livres, des disques, du matériel électrique, etc., nous avons rempli 5 valises à ras bord. De plus, comme Marc avait entendu dire que les bagages à main étaient interdits, il n’a pas voulu prendre de chance et il a tout mis dans les valises, n’apportant qu’un livre et son portefeuille. Mal lui en prit, voir paragraphe suivant. Donc, nous avons dû attendre une demi-heure supplémentaire au comptoir de la billetterie d’Air Canada pour payer l’amende et puis attendre encore plus d’une demi-heure à la sécurité… Première fois de ma vie que je traverse l’aéroPET sans même m’asseoir.

Pourquoi « mal lui en prit »? Parce que nos valises sont demeurées à Francfort pendant que nous nous envolions à Budapest. Fatigués, énervés et au bord des larmes, nous sommes rentrés à notre hôtel avec pour toute possession mon humble sac à dos sans liquide/gel/etc. Pas de vêtements de rechange, de brosse à dents, de petite crème anti-irritations (souvenirs d’Édimbourg) : rien que notre découragement et une haine féroce de Lufthansa. Cette nuit-là, entre deux sommes, je suis descendu à l’accueil pour y retrouver nos valises qui nous attendaient calmement. C’est peu de choses, le bonheur. Retrouver les seules choses dont on dispose pendant un mois m’a comblé de joie… Je me suis généreusement enduit de crème et j’ai dormi comme un bébé.

Ça, c’était samedi et dimanche. Depuis, Marc a commencé à travailler et nous reprenons un rythme un peu plus calme. Demain, première visite d’appartements avec la madame de l’agence qui insiste pour nous proposer des logements bien au-delà de notre budget. Va falloir mettre les choses au clair. Mais je crois que le prochain chapitre portera sur le fascinant marché public où nous achetons nos provisions : un drôle de mélange d’horreur et de bonheur. Un peu comme nos déménageurs, quoi!