poutine au paprikás

jeudi, juin 21, 2007

Capitaine Québec a Budapest



Un an déjà que nous sommes à Budapest; nous avons finalement nos permis de résidence (il paraît qu’en les renouvelant trois fois, on devient admissible à la citoyenneté, yes !). On part pour le Québec en fin de semaine, c’est-à-dire en pleine Saint-Jean. Je ne sais trop comment on va réagir, c'est notre première visite en Amérique du Nord depuis presque un an! Wouah…

Je ne sais pas si Normand est d’accord avec moi, mais cette expérience parfois éprouvante m'aura permis de faire le point sur bien des choses. Par exemple, à lire tous les troubles qu'il y a au Québec, je me demande parfois si je ne vis pas déjà dans le Québec du futur. Ici, par exemple, c'est vraiment poqué, les infrastructures, les hôpitaux, les écoles : tout est à refaire. En plus, ça se refait sur fond de corruption et de mauvaise planification; on attend souvent que les choses tombent avant de passer à l’action. La population vieillit, les Hongrois sont en plein repli sur eux même, ne s'ouvrent pas assez aux autres, parlent surtout ou seulement le hongrois et s'inquiètent du manque d'immigration. À cela s'ajoutent tous les rêves passéistes du grand empire austro-hongrois, et on blâme tout le monde autour pour les problèmes de la Hongrie. Finalement, tout le monde et sa grand-mère est très habile aux petites crosses; on peut traverser la ville à pied pour économiser 10 sous, ou s'empiffrer dans les buffets parce que c'est « à volonté ».

Vous ne trouvez pas que ça nous ressemble un peu? J'exagère un brin, bien entendu. On n’est pas comme ça au Québec, mais en plus ici, la chanson nationaliste du moment c'est la musique d’Alégria (du Cirque du soleil) avec des paroles nationalistes Hongroises! Chantons tous « Magyarorszag » sur l’air d’Alegria…

(voir lien: http://youtube.com/watch?v=ecmKOejqgYM&mode=related&search=)

Si vous voulez voir ça de vos propres yeux, venez faire un tour; on est encore ici jusqu'en février 2008 (si tout va bien). Entre-temps, nous serons à Montréal du 24 juin au 8 juillet. Nous habiterons à la Cité, numéro de téléphone : 514-289-2346. Si on ne se voit pas d’ici là, nous ferons une journée « portes ouvertes » le samedi 7 juillet. Les détails suivront.

dimanche, juin 17, 2007

samedi soir à budapest

Samedi soir à Budapest. Marc travaille à Paris depuis mardi; notre dernier invité (Kevin) est parti jeudi matin. J’ai beau faire contre mauvaise fortune bon cœur, je m’ennuie. Notre seul ami est aussi à l’extérieur. « Seul à Budapest », ça pourrait ressembler à un titre de nouvelle exotique, mais ce soir, c’est mon lot : je ne l’ai pas choisi, je le subis.
Qu’à cela ne tienne, je me prépare un petit souper ragoûtant, avec vin hongrois pas cher-pas pire, servi en terrasse : sur la table, un napperon et tout ce qu’il faut pour me remonter le moral (bouffe, vin et livre). Au loin, le parlement hongrois se colore au gré du soleil couchant : une splendeur!
Entre deux crevettes mortes de peur, je descends chercher le téléphone : quelqu’un pourrait appeler et je pourrais ne pas entendre! Devant mon téléphone muet, je lis un livre de Margaret Atwood : des poèmes et de petits textes d'une grande finesse, ça fait littérature sérieuse. En fait, c’est très bon.
Après les crevettes, une montagne de salade m’attend. Tout ce qu’il restait dans le contenant Tupperware; pourquoi laisser une mini-crotte? Je ne serai pas capable. Malgré la vinaigrette cochonne que je me suis faite, je ne pourrai pas engloutir tant de salade. Mais je sais que les lanières de chou rouge seront délicieuses dans la vinaigrette crémeuse à la moutarde. Merci à Valérie pour le chou rouge!
Devant le soleil couchant, je me gave de framboises fraîches : un vrai péché. Mais toutes les framboises fraîches du monde ne valent pas un souper en tête à tête avec marcpageau, aussi poche soit-il.
Je me dis que quatre ou cinq jours sans lui, ce n’est pas la mer à boire. Qu’un jour, ça pourrait être quatre ou cinq semaines, ou le reste de ma vie. Mais là, on entre dans l’inconcevable. Je n’ose même pas y penser. Voici les deux côtés de la médaille : autant je suis heureux avec lui, autant je suis perdu sans lui. Finalement, j’ai bien de la chance…

lundi, juin 11, 2007

printemps puant

Le printemps est bien avancé ici. Au marché, il y a maintenant les cerises (la Hongrie en est couverte), la laitue, les pois, les framboises : ce que l’on trouvera aux marchés montréalais en juillet. Mais surtout, les tilleuls sont en fleurs. Moment béni entre tous, la période de floraison des tilleuls (fin juin, à Montréal) me fait courir les rues bordées de ces arbres, le nez pointé en l’air pour humer l’incomparable parfum qui ne dure que deux semaines. Un pur bonheur olfactif. Le boutte : jouer un match de tennis à Claude-Robillard un soir de juin, où les courts de tennis sont entourés de tilleuls. Je vous mens pas, c’est encore mieux que le sexe… mais ça dépend avec qui (le tennis, bien sûr!).

Or, le plaisir du tilleul est fortement compromis à Budapest, et j’en suis très affligé. Mais oui, les tilleuls sont en fleurs, mais en même temps que mon arbre préféré, fleurit également celui que je déteste le plus entre tous : l’ailanthus glanduleux, alias frêne puant, alias (en chinois) printemps puant. Une véritable plaie urbaine qui pousse partout, qui résiste à tout et qui empuantit la ville pendant sa floraison. Une peste puante dont tout le monde essaie de se débarrasser. Montréalais, estimez-vous chanceux de ne pas encore en connaître l’ignominie, qui me rendait Toronto-la-tropicale insupportable chaque été pendant des semaines.

Vous l’avez deviné : cette mouffette verte fleurit exactement en même temps que le tilleul! Le drame. Et laissez-moi vous dire que Budapest est couverte d'ailanthus, car celui-ci aime le soleil et les conditions difficiles : deux choses qui ne manquent pas ici. Bon, je ne suis pas surpris, car j’avais déjà reconnu ses feuilles honnies l’été dernier. (Je crois même que j’en ai senti à Paris récemment.) Mais la première fois que je l’ai senti, la semaine dernière, la vraie reconnaissance s’est faite : l’olfactive. Une odeur reconnaissable entre toutes, même si je ne l’avais pas croisée depuis des années. Misère.

Heureusement, nous serons à Montréal au moment précis où fleurissement les tilleuls, et j’ai bien hâte d’aller me frotter le nez aux tilleuls du parc Lafontaine ou du boulevard Saint-Joseph. Et cette fois, il n’y aura pas de trouble-fête!

Mise à jour : en nous promenant dans les collines avec notre invité de la semaine, nul autre que le capitaine Picard, nous avons pu humer à pleins poumons les tilleurs en fleurs, car l’ailanthus ne pousse pas dans les bois, seulement dans l’asphalte. Promenons-nous dans les bois...

mercredi, juin 06, 2007

Ils sont partout

En rentrant du marché, aujourd’hui, nous sortons de l’ascenseur et tombons face à face avec deux jeunes témoins de Jéhovah qui arpentent la passerelle panoramique menant à l’appartement. Pas le choix, il faut au moins les croiser. La passerelle n’est pas large, et notre porte est au bout. Marc presse le pas et les ignore, car il sait que sinon, je vais l’enrôler pour une petite démonstration de sodomie. Moi, je prends le temps de les saluer en anglais et de leur demander comment ça va, très curieux de savoir comment ils font…

Les pauvres : c’est vraiment chien de les envoyer ici. Plus tard, je les ai vus sonner aux portes de l’immeuble voisin : au mieux, ne pas avoir de réponse, au pire, se faire envoyer chier en hongrois. Pas beaucoup de temps pour la religion, les Hongrois modernes. Cinquante ans de régime soviétique ont fait le ménage, quoiqu’on se demande un peu ce qui est arrivé aux Polonais… (finalement, Tinky Winky n’est pas coupable, quand même…). Bref, je ne crois pas qu’ils fassent des conversions à la tonne…

À Budapest, ils sont une cinquantaine de jeunes hommes habillés comme on sait : pantalon noir ou foncé, chemise blanche à manches longues (il fait 28 degrés), cravate atroce, petit porte-nom noir qui dit « Elder » un peu trop souvent… Il paraît que leur église principale est à côté, à Moszkva tér! Mes visiteurs m’ont avoué qu’ils trouvaient ça difficile de communiquer en hongrois! No shit, pardon my French… Bonne chance, les gars! En passant, nous aussi, on recrute, si vous avez le goût d’essayer d’autre chose d’autre que… mais que quoi, au juste? Est-ce qu’ils ont même le droit de se toucher?

samedi, juin 02, 2007

Junius



Hou là là, le mois de mai est déjà terminé! Nous avons déjà eu plusieurs visiteurs et plusieurs péripéties, et nous sommes encore une fois en retard dans les nouvelles.

De toutes les choses les plus extrêmes qu'on a vécues depuis notre arrivée ici, le renouvellement de notre visa est sans contredit un des moments phares et pas forts de nos expériences avec la gouvernance hongroise.

Premièrement, il faut se rendre au bureau du ministère de l'Imigration, ce qui n'est déjà pas une mince affaire, car ce bureau est loin du centre-ville et plutôt près de la banlieue. De toute façon, on a vite trouvé en suivant les quelques minorités visibles qui prennent l'autobus avec l’air aussi perdu que nous... c’est pas mêlant, nous nous rendone tous à la même place.

On nous avait confirmé, naïevement, que les avocats de Montréal avaient tout préparé les dossiers et qu'il suffisait de se pointer au bureau pour livrer lesdits papiers. Erreur!

Premier obstacle : une fois rentrés dans la salle d'attente, on se rend compte que toutes les affiches, indications et renseignements sont en hongrois. Par hasard, je tombe sur une affichette qui dit d'attendre et de parler au préposé avant de prendre un numéro. Le préposé, qui parle anglais, regarde donc nos papier et nous dit qu'il nous manque les timbres, car il faut acheter des timbres spéciaux pour payer les 5000 forints requis (30 $). Pas de problème, il nous donne des indications pour nous rendre au bureau qui vend les timbres. On sort de la bâtisse et on se dirige vers le local B porte 60 à gauche, et on demande des timbres. La, le petit monsieur nous dit le plus sérieusement du monde que c’est jeudi, et que le jeudi, eh bien, il n'y pas de timbres. Hum. Donc, où est-ce qu'on peut se procurer le timbre un jeudi? Au bureau de poste, qui est à 30 minutes de marche. Bien entendu, le tout se déroule le plus calmement du monde, bien que je sente Normand bouillonner. On se rend donc à la Posta à pied, et après avoir mimé un timbre de 5000 forints (car la dame qui ne parle que hongrois ne sait pas pas-en-toute de quossé qu'on veut) nous obtenons les 2 timbres en questions. OUF!

On retourne au bureau, il fait encore plus chaud, et on prend un billet pour attendre notre tour, numéro E320. Ce qui est surprenant, c'est de voir la quantité de monde qui attend, comme si tout à coup la Hongrie était le plus meilleur pays du monde et qu'on se bousculait au portillon pour y rentrer... faut croire qu'il y a pire. Donc, la salle est bondée, et surtout bondé d'immigrants accompagnés de leurs avocats; on trouve ça un peu étrange, mais on se dit que c'est parfois le cas aussi au Canada. Donc, quatre (longues) heures d'attente plus tard (pas de farce), on finit par avoir notre tour.

Deuxième surprise : la madame au comtoir no 7 nous acceuille avec un air plutôt bête et nous annonce qu'elle ne parle pas un mot d'anglais. Ah bon, on est au bureau d'immigration, oui pis je parle pas hongrois! Ca commence bien! Elle nous demande immédiatement le petit coupon avec le numéro, une chance que je l'avais pas écrasé et jeté, car elle s'empresse de le brocher à notre demande et de coller les deux
timbres. À ce moment, grand malaise : elle regarde nos papiers et n'en revient pas : tout est en anglais, dit-elle en hongrois. Oui, qu'on lui dit, on est du Canada, donc nos papiers d'assurance-maladie canadienne sont, grand étonnement, en... anglais. Car c’est en anglais que nos papiers avaient été faits l’an dernier.

Mais là, elle fait une crisette, appelle le joli petit monsieur (Csaba…)auquel on avait parlé au début (et qui est le seul qui parle anglais dans la boîte). Celui-ci nous explique le plus normalement du monde que sur les 15 documents nécessaires, notre dossier n’en contient que 6 de corrects. Enfer et damnation! Il va falloir revenir dans moins d'une semaine avec tous les bons papiers.



Parmis les documents demandés, juste pour vous donner un exemple, on exige le cadastre de l'appartement qu'on loue en ce moment. Oui, le cadastre, pour que le gouvernement ait la preuve qu'on habite là où on habite et que ce n'est pas une fantaisie. Grâce a la colabaration de la manager du bureau ici (merci, Anita!), on a pu traduire tous les papiers qui manquaient.

La semaine suivante, on retourne donc aux somptueux bureaux de l’immigration hongroise, avec tout nos beaux papiers. Quelle chance, cette fois-ci, les ventilateurs au plafond tournent. Autre coup de chance, nous attendons moins longtemps cette fois : 2 heures seulement (et nous avons apporté de la lecture, aussi). Au comptoir numéro 5, nous rencontrons une autre très souriante madame qui ne parle pas plus l'anglais que sa collègue et qui est complètement mêlée par tous nos papiers. Car bien que j'aie indiqué sur chaque document de quoi il s'agissait, elle ne semble pas vouloir comprendre davantage que sa collègue. Il faut faire appel une fois de plus au gentil monsieur qui parle anglais et qui la calme. Sauf que, à un moment donné, elle pique une crise parce qu’un des papier est signé par la mauvaise personne. Alors là, on nous menace d'appeler la police. Rien de moins. En fait, c'est que lorsqu'on a loué l'appartement, on a remis un dépôt à l'agent d'immeuble, sauf que c'est pas elle, la proprio! Alors, encore une fois, on fait appel au petit monsieur qui voit bien que ça n’a pas d'allure et qui nous dit de cacher le document compromettant, et que eux, de leur côté, vont faire comme si il ne l'avaient jamais vu... Voyez le genre?

En fait, je crois bien que si on avait eu un petit 10 000 forints de caché quelque part entre deux pages, la madame l'aurait pris volontiers et aurait tout tamponné trois fois, car ici les pots-de-vin sont monnaie courante. C'est pour cette raison que plusieurs font affaire avec des avocats; comme cela, l'avocat parle le hongrois et glisse la petite envelope quand c'est le temps.

Mais attention, l’histoire n'est toujours pas finie, car il faut attendre jusqu'à la veille de notre départ (le 24 juin) avant de retourner voir nos petits amis de l'imigration et savoir si oui ou non nous aurons un visa pour revenir.

Donc, pas besoin de vous dire que, la semaine dernière, nous étions à Paris pour nous reposer de toutes ces mongoleries-là, pour boire du bon vin, manger plein de steak saignant et nous gaver de patisseries cochonnes. Moi, je faisais de la natation pendant que normand achetait non-stop (note du traducteur : mensonge!). D'ailleurs, en prime, je vous donne une petite photo de mon team hongrois.