poutine au paprikás

mardi, octobre 24, 2006

Wien en photo



Cliquez sur cette image et vous aurez droit à 50 autres photos de notre périple à Vienne.

Rapport sur les manifs



Plusieurs d’entre vous avez vu aux nouvelles internationales des scènes d’émeutes et de protestations plutôt violentes, avec gaz lacrymogènes, escouades antiémeutes, dizaines de blessés, etc. Nous étions à Vienne pendant la grande majorité de ces événements. Mais même à Budapest, nous évitons les zones chaudes et les manifestations, car nous croyons que cette affaire ne nous concerne pas vraiment. Nous comprenons vos inquiétudes, mais franchement, nous ne nous sommes jamais sentis en danger ou menacés dans la ville. En fait, la grande majorité des Hongrois vaquent à leurs occupations courantes et voient les événements comme nous, par l’intermédiaire des médias.

Nous avons profité de la longue fin de semaine pour aller passer trois journées fantastiques à Vienne. Quand nous sommes rentrés en train hier, certaines stations de métro étaient fermées, mais il y avait un petit attroupement en face de chez nous, devant le mémorial à la rébellion de 1956. Au début de la cérémonie, il y avait une forte présence d’éléments radicaux qui effraient tout le monde, mais dès qu’ils ont quitté les lieux, en fait, de plus en plus de gens ordinaires se sont joints à une vigile. Un orateur et des chanteurs parlaient en hongrois; les mots magyar (hongrois) et szabadsag (liberté/indépendance) revenaient tout le temps. Solennel et tranquille.

Comme vous, nous avons vu des images plus spectaculaires dans les médias. Sans cela, nous n’en aurions rien su. Après souper, cependant, nous avons voulu faire une promenade. D’abord, certaines lignes de tramway étaient fermées ou écourtées; pour nous rendre à destination, il a fallu faire des détours. Dans le tramway, cependant, un jeune nationaliste haranguait les gens, qui étaient bien peu réceptifs. Je crois que cela représente bien l’attitude de la majorité : la plupart des Hongrois auraient aimé marquer l’événement (50e anniversaire de la rébellion de 56 contre les Soviétiques) d’une quelconque manière, mais ils se sont abstenus lorsqu’ils ont vu les groupes radicaux s’en emparer. C’est bien dommage.

Budapest se réveille avec un autre mal de bloc ce matin.

Baboune à Becs



C’est vendredi, nous partons pour Becs (Vienne, pour les Hongrois) et je fais la baboune! Mise en contexte : vendredi dernier, nous n’avons pas vraiment célébré l’anniversaire de Marc parce que je participais à un tournoi de curling. Averti à l’avance, le jubilaire s’est consolé en se disant que nous nous reprendrions la semaine suivante, pendant un petit séjour romantique au pays de Sissi. Juste nous deux, loin du travail, première sortie de Budapest depuis notre arrivée… Pis pas à Plattsburgh, là : à Vienne, bonyenne! Le scénario idéal, n’est-ce pas?

Or, après une fin de semaine débridée de curling (lire : nombreuses parties + manque de sommeil + alcool à profusion), je me suis levé mardi matin avec une purulente éruption d’impétigo dans le visage (toujours sur le menton) couronnée d’un gonflement spectaculaire de la lèvre inférieure. Ce soir, à la veille du départ tant attendu, le Krakatoa ne coule pratiquement plus, mais il en a pour des jours à sécher; quant à la lèvre, elle a sensiblement dégonflé, mais je ne suis pas encore très ragoûtant, je pense. Vu d’ici, je n’ai pas l’impression que nous allons nous éterniser dans notre lit viennois…

Mais au lieu de m’apitoyer sur mon sort suintant, je vais vous raconter ma brillante fin de semaine de curling! Seize équipe : la moitié hongroises, l’autre moitié de République tchèque, de Slovaquie, d’Autriche, de Suisse, de Croatie, ainsi que du Danemark (ma bête noire) et du Canada (moi). Ça faisait très jet-set, tous ces drapeaux sur le mur de tôle du centre de curling! Plus concrètement, ça donnait trois jours de jeu plutôt éparpillé, car il n’y a que deux glaces en Hongrie. Mais qu’est-ce que quelques heures d’attente quand la goulache et la bière coulent à flot sous la tente? En passant, le déjeuner = 2 ou 3 saucisses et du pain (bière en option). Le dîner = de la goulache et du pain. Le souper (en croisière sur le Danube avec un band pas croyable) = de la viande, des patates pilées et du pain. Pas vu l’ombre d’un légume vert ou d’un fruit frais en trois jours… C’est peut-être pour ça que mon corps m’a puni, finalement…

Sur la glace, votre humble serviteur a vraiment bien joué, sauf à son tout dernier match et à son grand désespoir. Quoi qu’il en soit, nous avons remporté la troisième place. Trois jours fort agréables, somme toute, mais avec une ombre de taille au tableau : S., le démon danois venu remplacer notre Andras. Comment décrire S.? Un paquet de nerfs contrôlant qui carbure à la bière et au café? Un très grand parleur mais tout petit curleur? Un emmerdeur de première? Je l’ai : un véritable calvaire! Même mon skip, qui l’avait invité et qui s’en va jouer en Italie avec lui en fin de semaine, n’en pouvait plus après une journée… S., le boute-en-train blond (teindu) qui dit à tout le monde comment jouer, mais qui manque plein de coups faciles et qui blâme les balayeurs… S., le gars de party too much qui partouze toute la nuit, arrive archipoqué 5 minutes avant le premier match du matin et joue avec ses lunettes de soleil superstar jusqu’à son troisième café… Et qui ensuite doit interrompre le match aux 20 minutes pour aller pisser…

Le pire, c’est que, après la remise des médailles (pas le choix de rester), il est venu me serrer la main pour me dire comment il avait aimé ça jouer avec moi. Incapable de lui rendre le compliment, je l’ai remercié d’avoir si généreusement remplacé Andras et je me suis éclipsé comme un voleur dans la nuit hongroise. Ma conscience devait me travailler, car je suis rentré la face la première dans le grillage de la clôture. (Il fait vraiment noir là-bas.)



Malgré ce handicap de taille, nous avons terminé troisièmes en plumant les sympathiques Pingvinek (pingouins) dans la petite finale. Comme je jouais les premières pierres, je croyais que mes prouesses avaient passé inaperçues, mais entre deux matches, l’équipe de Genève m’a invité à remplacer un joueur absent à leur tournoi de fin novembre. Je suis flatté et j’y réfléchis… Pour me tenter encore plus, la gentille madame bijoutée, qui avait pourtant rencontré Marc la veille au souper-croisière sur le Danube (ben oui, il est venu!), a ajouté que si j’acceptais de jouer avec leur équipe, je pourrais loger chez elle à Genève… à condition que j’y aille seul… Tant de générosité m’a fait chaud au cœur!

Quant à mon équipe régulière, tout reste à voir. Il y a quelques semaines, on s’est rendu compte que notre équipe n’est pas admissible au championnat hongrois si j’en fais partie. Ça peut faire rire les Canadiens, mais ici, l’équipe qui représentera la Hongrie pendant un an n’est pas tellement meilleure que la mienne. En fait, ce pourrait très bien être nous… enfin, « nous » avec un autre que moi. Alors, quel genre de saison est-ce que je m’apprête à passer? Je n’en ai aucune idée. Maintenant que j’ai fait mes preuves, il paraît que certaines équipes qui ne visent pas le championnat aimeraient bien m’avoir dans leurs rangs, ne serait-ce que ponctuellement.

Nous en saurons davantage la semaine prochaine, lorsque mon skip Péter sera revenu d’Italie et de S., et que nous ferons le point tous ensemble. Qui sait, peut-être Genève sera-t-elle mon tremplin vers une carrière européenne de curleur? En attendant, je vais laver le crisse de plancher de cuisine une fois de plus et je vais espérer que la baboune dégonfle un peu avant ma conquête de Vienne.

mercredi, octobre 18, 2006

Moszkva tér megyek



Moszkva tér, c’est la place de Moscou. Je comprends que les Hongrois n’aiment pas beaucoup les Russes, mais cette place-là est tellement laide que ce n’est même pas drôle. Moszkva tér, c’est aussi notre voisin; si vous venez nous visiter, vous allez voir que c’est tout à coté de chez nous. C’est aussi d’où je pars tous les matins de la semaine dans le tramway 56 qui m’amène au bureau.

Comme designer, je vois plein de potentiel dans sa laideur. Normand, quant à lui…

Plus qu’une simple place, Moszkva tér, c’est la plaque tournante du transport en commun de ce coté-ci du Danube. Tramways, bus et trolleybus s’y croisent au-dessus d’une station de métro. Point de rencontre de tous ces transports archi-occupés de jour, c’est aussi une place sans arbre et sans artifice : la fonctionnalité prime sur la beauté.

Mais il ne faut pas croire que c’est fonctionnel pour autant, oh que non! D’abord, la convergence de tous ces transports sur rails (5 lignes de tramway) et l’achalandage des usagers causent d’énormes problèmes de circulation. Juste pour me rendre à mon tram, je dois contourner trois ou quatre rails de tramway, la petite madame qui cherche encore le bus 23, les clôtures inutile censées empêcher qu’on se fasse écraser par un tramway, les touristes qui se demandent ce qu’ils font là, les étudiants qui traînent, le trou béant dans le trottoir… bref, le bordel à l’heure de pointe et, bien entendu, il n’y a aucun plan indiquant où sont les bus et les tramways.



Comme c’est un endroit populaire, Moszkva tér attire aussi sont lot de bizarreries et d’énergumènes. On y retrouve un ou deux snack-bar horribles, une brasserie, un café Internet, un sport-bar et des kiosques délabrés qui ne servent plus à rien sauf à prendre de la place. C’est aussi le rendez-vous permanent de tous les robineux du quartier. Les jeudis, l’Armée du salut vient y donner sa soupe populaire; parfois, il y a une bagarre parce qu’un robineux va voler la soupe d’un autre. Le moindre banc sert de lit à ceux qui sont trop paquetés.

Le plus bizarre, ce sont les amuseurs publics. On y retrouve même des gospels chinois, oui, vous avez bien lu : des « preachers » chinois évangélisant les Hongrois. (On croise aussi des témoins de Jéhovah en complet-cravate.) Mais la palme d’or revient aux chanteurs indiens ou, si vous préférez, le groupe autochtone. Indien comme Kateri Tekakwitha, pas comme Apu. Full pas rap : ce sont clairement des Sud-Américains, qui jouent de la flute de pan habillés en Amérindiens, avec les plumes et tout le kit. Les Hongrois ADORENT! Tous les enfants veulent se faire prendre en photo avec eux. Ça, c’est le vendredi : avis aux intéressés.

Finalement, Moszkva tér ter, c’est un peu la place Émilie-Gamelin de Budapest : il y a les mêmes robineux et, en plus, un festival Réalité autochtone.

mardi, octobre 17, 2006

Les as du service



Maintenant que nous sommes installés chez nous, je m’accommode comme je peux de mon rôle d’épouse expatriée, ou « expat wife », ces femmes de pdg qui parcourent le monde en meutes sanguinaires et sèment la terreur parmi les indigènes. Cela dit, je ne passe pas (encore) mes après-midi à jouer au bridge ou à discuter des endroits qui vendent du beurre d’arachide, car ce n’est pas (encore) mon genre de chercher coûte que coûte à reproduire notre mode de vie nord-américain dans tous ses détails… MAIS… Je sympathise de tout cœur avec les külföldiek (étrangers) en Hongrie lorsqu’ils déplorent l’absence totale de service dans… les services.

Magasins, fournisseurs, restaurants, bains thermaux : partout où nous entrons comme clients, nous constatons que la notion de service à la clientèle ne fait tout simplement pas partie de la vie hongroise. Bon, il y a des exceptions, surtout au resto et surtout quand on vous charge 10 % de… service systématiquement avec l’addition. Et encore, oubliez ça, les « tout est à votre goût? » ou « je vous réchauffe votre café? »; ici, il faut agiter les bras comme un moulin à vent juste pour attirer l’attention des serveurs.

Dans les magasins hongrois, les vendeurs nous ignorent. Au bain thermal, c’est à peine si on nous indique où aller. Nous avons le téléphone depuis trois semaines, mais nous sommes incapables de prendre nos messages parce que tout est en hongrois et personne de la compagnie téléphonique ne peut/veut nous aider. Il m’est arrivé d’entrer dans un établissement, de demander si quelqu’un parlait anglais et de voir les employés me tourner carrément le dos et disparaître. En deux mots, aucun effort.

Ce petit préambule permet d’apprécier l’exploit que j’ai réalisé ce matin en obtenant finalement l’adaptateur qui me permet d’utiliser notre imprimante en Europe. En ouvrant notre appareil Canon, nous avions remarqué que le cordon d’alimentation menait à un transformateur de courant 110 volts. Nous avons cru qu’en le remplaçant par un transformateur 220 volts, nous pourrions utiliser la même imprimante ici. Et nous avions raison : ça marche! Mais que d’efforts, les amis, que d’efforts! Quatre appels téléphoniques interminables chez Canon Hongrie et quatre visites au fournisseur de produits Canon régional (pas trop loin, heureusement). Comment ça, quatre visites?



Une fois pour demander si c’est bien la bonne place, s’ils ont la pièce, etc. D’abord, l’homme à la réception ne parle pas un mot d’anglais et semble très occupé à faire les photocopies d’une vieille madame. Quand il n’a vraiment plus rien à faire (mettons dix minutes), il appelle le gars qui parle anglais, qui arrive un autre dix minutes plus tard. Pendant ce temps, je poireaute dans la boutique, faisant les cent pas entre photocopieurs et imprimantes. Le gars qui parle anglais arrive, mais il ne parle pas vraiment anglais, alors il appelle la fille qui parle vraiment anglais. Dix autres minutes plus tard, celle-ci se matérialise. (Entre-temps, le patron, qui passait par là, mais qui ne parle pas anglais, s’est joint à notre joyeux groupe.) Discussion + traduction = on ne sait pas si c’est possible, on va voir et on communique avec vous. Je leur laisse mon adresse électronique (pas le numéro de téléphone, car nous ne pouvons pas prendre nos messages).

Une semaine plus tard, toujours sans nouvelle, je décide d’aller m’enquérir en personne. Mêmes figurants, même scénario, mais un peu plus rapidement (le gars qui parle pas vraiment anglais et la fille qui pourrait juste descendre toute seule arrivent plus vite, et le patron n’y est pas). J’apprends qu’on ne sait toujours pas si on peut commander la pièce. Pourquoi? Parce qu’on ne s’est pas renseigné. Pourquoi? Pas de réponse; c’est la vie en Hongrie. Bon, je leur fais des yeux, puis je leur demande de se renseigner et de m’aviser quand ils sauront.

Une autre semaine plus tard, passant par là (pas vraiment, mais je me sens tache), je fait un saut « au cas où ». Le gars de la réception commence à être tanné de me voir et appelle à l’aide dès qu’il me voit la face. Le dynamique duo arrive cinq minutes plus tard, un record. Où en sommes-nous? Oui, on peut commander la pièce, mais comme c’est un peu cher, on voulait confirmer avec vous avant. Confirmer comment? Quand? Je n’ai jamais reçu de courriel à ce sujet. C’est parce qu’on ne m’a pas écrit encore. Bon, alors je confirme séance tenant et je demande qu’on m’avise par courriel quand la pièce sera arrivée. Je me dis que ce sera peut-être mon cadeau de Noël, cette pièce.

Quelques jours plus tard, un courriel : la pièce est là! Ne faisant ni une ni deux, je me précipite à la boutique pour aller l’acheter, une opération relativement simple, me semble. Erreur! Même scénario : j’entre, le commis appelle le gars qui parle pas vraiment anglais. Ce dernier descend cinq minutes plus tard, puis appelle la fille qui parle vraiment anglais. Celle-ci arrive cinq minutes plus tard pour me dire que la pièce est en haut et qu’on est en train de me faire une facture. Elle remonte, mais redescend un autre cinq minutes plus tard afin de me demander mon adresse, pour la facture. (Mais pas le nom de fille de ma mère, cette fois). Tout ce temps-là, j’ai ma pièce et j’attends simplement la facture… (D’ordinaire, je me croirais victime d’un complot international ourdi par un ennemi diabolique. Mais maintenant que je connais mieux la Hongrie, je sais malheureusement que tout se passe ici le plus normalement du monde.)

Enfin, la facture! Mais attendez, y a pas le câble pour brancher la pièce? Ah non, pour ça, il faut aller dans un autre magasin. (Re-soupir, mais pas trop : le magasin en question est au Mammut II). Remerciements grinçants à mes nouveaux amis pour leurs efforts surhumains, car je sais qu’ils viennent d’atteindre de nouveaux sommets en matière de service à la clientèle. Sourires de circonstance et départ précipité avant une autre tuile.

Ceci est un drame vécu. Et comme la réalité hongroise dépasse la fiction canadienne, je n’ai même pas besoin d’en remettre. Maintenant, imaginez tout ce que contient une maison et multipliez par 1000 : vous ne me poserez plus la question « Et toi, Normand, que fais-tu de tes journées? ».

vendredi, octobre 13, 2006

Házibuli

Littéralement : de maison party. Mais nous n'avons pas encoré déterminé si ce sera féminin ou masculin... Alors nous essayons les deux.

Vendredi soir dernier, donc, nous avons été invités à notre premier házibuli chez l'un des nageurs de l'équipe de marc. Nous étions honorés, car l'invitation nous était spécialement adressée et, en fait, c'était la première fois que nous entrions dans un logement hongrois.

Les éléments clef de la réussite d'une hazibuli hongroise semblaient tout y être. Premièrement, une occasion : c'était la fête de notre hôte, un Attila de Transylvanie. Ensuite : de la musique, de la boésson (voir détails plus bas) et, surtout, des petites bouchées. Dans ce cas, c'était de merveilleuses petites boules de pâte pas cuite qui reste collée au palais et qui obligent à prendre une autre grosse lampée de bière (suivie d'une shotte d'Unicum, un pur nectar magyar).

Une quinzaine de gars dans deux pièces (restait plus que la chambre à coucher, qui était hors limites), quatre Péter, plusieurs couples, de la pálinka maison servie à même l'ex-bouteille d'huile végétale, de la musique atroce : tout les éléments pour une soirée très agréable! Presque tout le monde parlait anglais; les autres comprenaient assez pour suivre. Ça faisait du bien de voir du monde!

Surtout que les Hongrois sont en général assez réservés; on vous l'a dit et on vous le répète. Même s'il s'agissait d'un party privé dans une maison, il n'était pas question que le monde dépasse les limites de la décence. En tout cas, pas le moindre un petit bec... Une bonne poignée de main virile, c'est ce à quoi vous avez droit à l'arrivée et au départ.

En prime, le lendemain, ils étaient 12 (oui, douze) à l'entraînement de natation, même une madame! Les házibulis font des merveilles. Maintenant, nous espérons que cet élan d'enthousiasme va durer. A ce point qu'on commence à croire qu'un hazibuli par mois devrait aider a améliorer l'esprit d'équipe.

mardi, octobre 10, 2006

Le petit Poisson



Le petit groupe d’employés qui formait la compagnie ici, soit environ une dizaine de personnes, fait maintenant partie de la grande famille Autodesk. Autodesk, c’est gros et ça peut paraître too much pour une culture qui a été envahie par les Turcs, les Allemands et les Russes en moins de 300 ans.

C’est surtout ces derniers (les Russes) et leur bureaucratie qu’ils craignent le plus quand il voient arriver une grosse machine comme Autodesk. C’est drôle vu de l’extérieur, car comme je le disais, ce n’est pas toujours la société la plus efficace, étant donné qu’elle est déjà embourbée dans la paperasse. Mais il y a aussi ce fatalisme slave qui s’empare d’eux, comme dans : « Bon bien on va faire avec, en autant qu’on puisse continuer à faire exactement ce qu’on faisait avant… »

Donc, l’autre partie non officielle de mon travail est parfois de démystifier Autodesk et sa façon de faire. Faut dire que l’équipe de Montréal est déjà passée par le même chemin que les Hongrois et que je comprends bien ce qui peut les inquiéter. Je suis confiant qu’en parlant de la grosse corporation et en arrêtant de dire que tout est de la faute de Montréal, on va probablement les aider à comprendre certains irritants.



Le travail ici se fait dans une maison. Oui, une maison qui a gagné des prix d’architecture, dans un voisinage qui n’est pas sans rappeler Sillery ou Outremont. Donc, sous prétexte que rien n’est accessible à part un Match miteux (Match, c’est comme IGA), les employées ont tous droit à leur lunch gratuit! La première chose à faire en arrivant le matin, c’est de remplir la feuille sur laquelle on met le nom du restaurateur et ce qu’on veut manger. Rien de chic, il s’agit de restauration rapide : grec, sous-marin, pizza, mets hongrois, indiens et même sushi. Tout ça dans le moyen de gamme, mais c’est gratos. Pour beaucoup d’entre eux, ce sera le seul gros repas de la journée. Donc, ils se commandent des tonnes de cochonneries qu’ils prendront tout l’après-midi à digérer. Le soir, à la maison, ils prendront du saucisson, une salade de chou et une bière.

Faut pas croire que c’est la grosse vie : souvent, la bouffe n’arrive pas avant 13h; parfois les gestionnaires de bureau oublient une commande (la mienne) ou, pire encore, elles n’ont pas d’argent dans la petite caisse (autre drame vécu). Faut comprendre qu’il s’agit d’un des privilège que l’équipe a tenu à garder lors de son acquisition par Autodesk, une sorte de symbole qui semble extrêmement important, un peu comme la bière gratuite du vendredi pour l’équipe de Montréal. À chacun son symbole, faut croire.

En fait, le lunch gratuit n’est pas une pratique commune à beaucoup d’entreprises hongroises, mais dans bien des cas, les employeurs donnent de petit « avantages » à leurs employés. Faut aussi ajouter que les salaires sont beaucoup plus bas qu’à Montréal et que les taxes y sont tout aussi élevées.

Rare comme de la m…



Ceci s’adresse aux esprits tordus qui voient le mal partout. Vous savez qui vous êtes : dès que vous avez vu la photo de l’ineffable Zizi Butik, vous vous êtes imaginé que Normand passait tous ses après-midi au sex-shop ou pire encore. Erreur! Si vous regardez l’autre enseigne de la boutique, celle qui est perpendiculaire à l’immeuble, vous verrez les mots « zizi divat »… Re-non, ce n’est ni un gym gai, ni un salon de coiffure transgenre! « Divat », en hongrois, ça veut dire mode. Une simple boutique de mode.

Mais revenons au sujet de cette entrée. Laissez-moi compléter cette expression, qui est déjà en usage au Csalogány Palace : Rare comme de la m… enthe à Budapest!

En effet, les amis. Bien que je sois un fanatique du piac (marché local, prononcé piots), je dois admettre que, malgré tout son romantisme, le piac offre peu en matière d’herbes fraîche : de l’aneth pour les fous et les fins, du persil de temps en temps et du basilic magané une fois par semaine. Bref, une misère. Or, je promenais mon découragement au sous-sol du Mammut I (car ils sont deux), lorsque je suis tombé sur LA fruiterie : regardez-moi ces paquets d’herbes fraîche : du basilic en santé! De la coriandre! De la menthe! Du romarin! De la marjolaine! C’est bien simple, dorénavant, j’achète tout mes fruits et légumes frais chez mes nouveaux amis.

(Le lendemain) À chaque jour sa découverte : finalement, le piac, pour peu qu’on se donne la peine d’en faire le tour 100 fois, recèle quelques secrets savoureux. Ce matin, en plus d’y trouver enfin des cintres, j’ai aussi déniché LA boutique d’épices et de produits exotiques. Le jackpot de l’importation : sauce aux huîtres, tahini, huile d’olive extra-vierge, huile de sésame, etc. Où est-ce que je gare mon camion? Je crois que la madame du Ezerfúzer bolt va me revoir souvent.

Bon, je vous laisse, mon mari vient d’arriver.

samedi, octobre 07, 2006

Surprenante Hongrie



Au fil de nos promenades, il nous arrive de tomber sur des choses qui nous laissent bouche bée. Ainsi, la nouvelle image de notre profil est une reproduction de la Hongrie en courtepointe, avec les deux principaux cours d’eau du pays, en bleu. Quant à l’image ci-dessus, elle se passe de commentaire.

jeudi, octobre 05, 2006

Gellert hegy



Dimanche dernier, dans le cadre du programme « balades dominicales ailleurs que dans des magasins », nous avons choisi d’explorer le mont Gellert, une des deux collines au cœur de Buda. Non, pas à pied, car il s’agit quand même d’une colline de 235 mètres (le mont Royal en fait 232). Pour s’y rendre, il faut prendre un petit autobus de bande dessinée qui gravit vaillamment les pentes et nous laisse à proximité du sommet. En montant à bord, Marc s’est demandé pourquoi un si petit autobus, mais dès que nous avons commencé à enfiler les petites rues sinueuses et étroites, la réponse était évidente.

Pas grand-chose à dire sur Gellert hegy, sinon qu’il offre des panoramas vertigineux de Budapest à nos pieds, qu’il est coiffé d’une citadelle moribonde mais néanmoins infestée de touristes et qu’il est entouré de trois bains thermaux : un en cours de rénovation, un qui a besoin de rénovation et l’autre (le… Gellert, voyons!) qui est le plus célèbre de la ville. Nous sommes rentrés à pied par un quartier qui s’appelle le Taban, jadis semble-t-il le « Montmartre » de Buda, avant de passer au feu au début du siècle dernier. Pas de quoi fouetter un chat hongrois, quoique rues intéressantes sur le flanc de la colline du château.

Après le petit somme dominical, Marc est allé nager : nette amélioration, ils étaient deux!

Ah là là!



Bon, jusqu’à maintenant, Normand a tenu la barre du blogue et, bien que ça nous ressemble à tous les deux, plusieurs lecteurs se demandent ce qui se passe avec mon travail, raison originale de notre déménagement.

Ce n’est pas facile de tout dire dans un blogue, surtout quand le public auquel il s’adresse est assez large : amis personnels, amis du bureau, connaissances et famille. Donc j’hésite : je censure, je ne censure pas? En fait, ceux d’entre vous qui me connaissent bien vont vite comprendre.

Vous le savez, pour nous rendre ici, il a fallu affronter une orgie de paperasse et de bureaux de toutes sortes. Pour une grande part, Autodesk (mon employeur) met à mon service une agence de relocalisation ici, à Budapest. Cependant, j’ai aussi la responsabilité d’aviser mes contacts et soumettre mes demandes à mon employeur de Montréal de même qu’au siège social de Californie. Pas besoin de vous dire qu’avec six heures de décalage horaire avec Montréal et neuf heures avec la Californie, tout ne s’est pas déroulé facilement. Il fallait de la patience et, heureusement, tout s’est passé comme prévu, parfois de façon chaotique, mais au bout du compte, tous les morceaux sont là.

À cela il faut ajouter la bureaucratie. Car c’est bien beau, les déménagements, mais Autodesk ne me prend pas par la main pour ouvrir un compte bancaire ou faire installer Internet a la maison. Même pour les documents comme le visa de travail ou l’assurance-maladie, j’ai eu à faire plusieurs démarches personnellement. Tout ça pour dire que ça fait deux ou trois mois que je nage, et je suis un nageur, dans une mer de papier, et que je suis ben tanné.

Le boute a été atteint la semaine dernière, lorsque j’ai eu à me présenter à un bureau de taxe hongrois. Pensez aux vieux films des années 60 où l’on vous montrait des bureaux soviétiques (je pense a James Bond) : ça avait l’air de ça. Je dois obtenir un numéro de taxe pour payer l’impôt local… faut le faire, le pays est en faillite et ils n’ont rien trouvé de plus simple. Ça vous donne un aperçu de la bureaucratie hongroise.

Donc, rendez-vous au bureau de taxe hongroise, accompagné d’un gentil comptable fourni par Autodesk. Le bureau est ouvert de 12 h à 16 h le mercredi seulement, et avec d’autres variations durant la semaine. Il fallait que j’apporte passeport, preuve d’emploi, preuve de résidence, facture de téléphone et, bien entendu, le nom de fille de ma mère. Car ici faut que je dise à tout bout de champ que ma mère s’appelait Lucile Brochu. Maman, toi qui lis ce blogue, sache que ton nom est partout, partout dans toute la bureaucratie hongroise. C’est bon, hein? Oui, oui : à la banque, à la compagnie de téléphone pour le portable, sur le bail de l’appartement, pour les taxes de transport de nos meubles… bref, partout le nom de ma mère y est. Après ils se demandent pourquoi leur pays est en faillite. Hi hi hi!

lundi, octobre 02, 2006

Curling à la hongroise



Plusieurs d’entre vous veulent savoir comment se passe le curling. Même si je joue depuis plus d’un mois maintenant, j’ai tardé à répondre parce que la situation change constamment et que je ne sais plus trop sur quel pied danser. Mais avant d’aborder la partie épineuse de la question (car je crois que je suis en train de me faire passer un sapin magyar), laissez-moi planter le décor.

Le seul établissement où l’on pratique le curling en Hongrie se trouve en banlieue éloignée de Budapest. Il a ouvert ses portes il y a un an environ. Ce n’est pas un club de curling comme on l’entend au Canada; en quelques mots, c’est une cabane de tôle au bout du monde avec deux glaces dedans. Elle appartient à un bonhomme hongrois qui la considère comme un investissement et qui veut transplanter la fièvre du curling dans son pays. Ici comme partout en Europe, le curling coûte une beurrée (relative) et est l’apanage des gens riches, un peu comme le polo, le ski dans les Alpes ou un repas chez Burger King.

Pour ainsi frayer avec l’élite budapestoise, je dois prendre, dans l’ordre, un tramway, une navette, puis un autre tramway. Normalement, ce serait 10 minutes de marche puis un seul tramway, mais les transports en commun sont chambardés du côté de Buda en raison de la construction de la ligne de métro numéro 4. Bref, une heure à l’aller, une autre heure au retour.

Rien à redire sur le premier tramway et la navette, sauf que la ligne de tramway numéro 18 est meilleure que la 61 parce qu’elle longe le Danube brun pendant un bout et passe devant mon pont préféré, Sabadsag hid, le pont de l’indépendance. Quant au dernier tramway, le 41, c’est une autre paire de manches.

D’abord, le véhicule est une véritable antiquité. Je vous jure qu’il date d’avant la Deuxième guerre mondiale! Plus rien qui marche : on ne peut plus baisser les fenêtres, les lumières sont toujours éteintes et certaines portes n’ouvrent pas. Dès que le conducteur fait de la vitesse (lire : essaie de doubler un piéton), ça brasse tellement qu’on a l’impression qu’on va renverser à tout moment. Au début, je trouvais ça romantique : j’allais prendre le petit char comme grand-maman dans le temps, mais maintenant, quand je vois les nouveaux modèles modernes qui passent devant chez nous, je trouve ça moins drôle, le musée des transports.

Mais il n’y a pas que le véhicule antique, il y a le trajet surtout! Les dix premières minutes, on traverse une banlieue de l’ère soviétique. À perte de vue, des blocs appartements de 10 étages d’une laideur et d’une tristesse sans nom. La seule variante, c’est que certains occupants ont fermé le balcon, d’autres, non. Il paraît qu’à la dissolution du régime soviétique, les occupants ont eu l’occasion d’acheter leurs logements à très bon marché. Beaucoup en ont profité, mais n’ont fait aucun entretien depuis les 15 dernières années. Résultat : les édifices sont terriblement délabrés, et les espaces publics qui les séparent, lamentables. Même de loin, quand on les regarde d’une montagne, ces quartiers font peur. De près, ça ne s’arrange pas, croyez-moi.

Quelques kilomètres plus loin, un changement radical : on quitte l’urbanisme soviétique pour entrer dans un nouveau type de banlieue propre à Buda : les collines des gens riches et célèbres. Un peu comme à L.A. quoi, mais Buda-style! Fini le peuple, bonjour les people! Budapest est ainsi faite : à l’est, Pest, plate comme Jane Birkin, et à l’ouest, Buda, ronde comme… Suzanne Lapointe (je sais pas pourquoi, j’ose pas écrire Ginette Reno). Mais les bourgeoises collines sont loin de tout, et on ne peut y habiter sans voiture. Nous-mêmes, à qui on a proposé des logements VIP dans un cadre similaire, avons refusé parce que ça prend une voiture pour aller chercher une simple pinte de lait.

Bref, 15 minutes d’étalement urbain tous azimuts autour des collines. Et là, attachez vos tuques, on voit de tout : des maisons de nouveaux riches d’un mauvais goût atterrant, des projets domiciliaires parachutés au milieu de champs de betteraves, des champs de betteraves où paissent paisiblement chevaux et vaches, des roulottes de romanichels, un centre commercial complètement neuf et complètement vide, un aéroport (il y avait un petit plat), des sans-abris couchés dans des boîtes de carton, des aménagements urbains (rues, trottoirs, lampadaires, etc.) sans aucune maison et, surtout, des arbres fruitiers gorgés de fruits mûrs, dont les branches ploient jusqu’au sol sous les poires, les pommes et les prunes. La bucolique banlieue éloignée, quoi. Et au milieu de tant de beauté, à l’avant-dernier arrêt de la ligne 41, jouxtant les rails de tramways, trône ni plus ni moins que le centre de l’univers : le non-club de curling!

Croyez-moi, croyez-moi pas, c’est tellement creux que, la première fois que je suis sorti de la cabane le soir pour marcher jusqu’à l’arrêt de tramway, je ne voyais pas la route! Noir comme chez le loup + aucun repère = j’ai pris le clos deux fois avant de me rendre parce que je ne voyais pas la rue! Perdu, tu dis?